LE POLITIQUE
ET LES SOCIETES HUMAINES
Une deuxième illustration de la théorie des Cohérences
Humaines sera ici développée dans le champ du politique
mais à partir aussi de différents aspects de la
question de la constitution et du développement des sociétés
ou communautés humaines.
Nous sommes, précisons-le, dans une perspective tout à
fait particulière qui considère que l'homme est
à l'origine des sociétés humaines en même
temps qu'il en est la finalité.
Nous affirmons donc que les phénomènes de société
ont une origine humaine et qu'il en va de la responsabilité
humaine de conduire nos sociétés dans un sens bénéfique
pour les hommes. C'est l'enjeu du politique.
Nous pourrions ici aussi mettre en évidence différents
sens de la conception du politique et des sociétés
humaines.
Nous y retrouverions nos vieilles références et
ces discours, toujours les mêmes, qui s'affrontent en témoignant
des cohérences humaines qui les fondent.
Oui il y a un lien entre des positions de vie et des positions
politiques c'est un lien de Sens (plus que de forme)!
Oui il y a un lien entre les visions de l'homme et de l'accomplissement
humain et la conception des sociétés humaines!
Oui les sciences humaines et politiques sont productions humaines
et par là empreintes de subjectivité et d'objectivations
subjectives!
Non il n'y a rien de fatal qui oblige à s'enfermer dans
les mêmes errements!
Nous n'envisagerons pas la question du niveau ou de "l'âge"
des discours politiques les plus fréquents, nous situant
dans la perspective d'un sens et d'un niveau dignes de sociétés
avancées.
La théorie des Cohérences Humaines entraîne
cependant à une révision profonde de nos certitudes
les plus fréquentes et à relire autrement ces questions.
On verra que cela débouche sur des éclairages et
des possibilités qui peuvent aider à la résolution
des problèmes majeurs de notre époque.
Nous traiterons successivement quatre questions :
a) la notion de culture selon la théorie des Cohérences
Humaines avec l'exemple de l'Europe.
b) le problème de l'intégration, exacerbé
par la multiplication des exclusions et la sollicitation d'étrangers
à l'immigration.
c) le développement local rural ou urbain
d) le politique, sa vocation et son action.
LA THEORIE
DES COHERENCES CULTURELLES
Une des conséquences importantes de la théorie
des Cohérences Humaines est le renouvellement de la notion
de culture, culture humaine il va sans dire. Le plus intéressant,
au-delà de la compréhension des phénomènes
culturels et des rapports entre cultures, c'est le caractère
opérationnel de ce concept qui permet, et une connaissance
intime des cultures dans leur profondeur d'humanité, et
l'utilisation de cette connaissance pour entreprendre des actions
politiques, stratégiques, économiques culturellement
fondées.
Nous allons envisager cette question tout d'abord sur le fond.
Qu'est-ce qui constitue la racine d'une culture humaine ?
Ensuite, nous verrons ce que sont les modes d'expression d'une
culture en même temps que le caractère strictement
culturel de toutes réalités humaines.
Après avoir envisagé les conséquences de
la multitude des communautés culturelles auxquelles nous
participons et sommes confrontés, nous terminerons par
un exemple de cohérence culturelle : celle de l'Europe
LES RACINES ANTHROPOLOGIQUES
DES CULTURES HUMAINES
Toute communauté humaine, dès lors qu'elle est
identifiée, s'inscrit dans une histoire. Celle-ci peut
être brève mais aussi durer des millénaires.
Ce qui fonde l'unité, la permanence et la particularité
de chaque communauté c'est sa culture ou plus exactement
ses racines : le consensus entre les instances humaines.
Il nous faut rappeler ce point de la théorie des Cohérences
Humaines qui est que les sens sont rassemblés en centres
de rayonnement (des cohérences) que l'on peut imaginer
comme une infinité hétérogène de
tendances, propensions, orientations, dispositions comme autant
de rayons partant d'un centre : les sens de ces entités
appelées ici "cohérences".
L'Instance de chaque personne est faite de toutes les "cohérences"
qui forment son "capital d'humanité" et à
partir desquelles il établit ses consensus avec d'autres.
Selon son histoire et le contexte de son existence chacun inscrit
une part importante sinon majeure de lui-même dans le consensus
de la société ou il vit ( ou des communautés
où il existe : famille, ethnie, etc...).
Ainsi on peut dire que :
- chaque communauté a une culture fondée sur une
cohérence humaine en consensus, qu'on appellera la Cohérence
Culturelle,
- cette cohérence humaine est partagée par une
partie de l'humanité : la population qui s'y retrouve
et s'y reconnaît plus au moins consciemment.
- cette cohérence humaine représente une part de
l'humanité de l'homme une part d'Instance humaine parmi
d'autres.
Ainsi chaque culture est fondée dans une part d'humanité
et concerne, de façon principale, une partie de l'humanité.
Cependant on peut déduire de ce qui précède
que :
- chaque personne peut participer à plusieurs cultures
investissant alors des parts de son humanité différentes
(et qui quelques fois s'ignorent).
- nous pouvons rejoindre au plus profond de nous-mêmes
la culture de communautés étrangères (sous
réserve d'une "approche" authentique).
- l'ensemble des cultures constitue l'universalité mais
une universalité différenciée en multiples
cultures.
- chaque culture (et donc chacun de ses membres) a en héritage
sa part d'humanité et que c'est par cela qu'elle participe
à l'universalité humaine (à sa manière
propre et non pas selon un standard formel qui lui demanderait
d'être autre).
- c'est par sa culture que l'homme accède à l'universel
humain.
Tout ceci doit être nuancé par le fait que chacun
participe de plusieurs cultures et qu'il faut donc se référer
à chaque fois à la culture de prédominance
dans laquelle on est investi à un moment donné.
Il faut encore rajouter une considération sur ces cohérences
qui constituent l'Instance humaine. Si la connaissance de la
nature humaine éclaire sur la consistance des cultures
humaines, inversement ce sont les réalités culturelles
qui témoignent de l'humain qui y est investi et auquel
on peut accéder par cette médiation.
La culture c'est ce qui, par le rapport aux autres, nous fait
accéder à nous-mêmes et inversement peut
nous permettre de servir les autres au sein même de la
communauté d'humanité et de culture.
Enfin il faut s'approcher un peu plus de ce qui constitue le
fond de chaque culture, cette cohérence qui est un ensemble
de Sens rayonnants d'un même centre.
Chaque cohérence en l'homme est une problématique
humaine. En effet l'enjeu, à chaque fois, est celui du
discernement et de l'engagement du "bon" sens, engagement
de la personne dans le sens du bien. Les autres sens n'étant
pas "bon" sens parce que ne visant pas le "bien"
humain sont donc sources de difficultés et de problèmes.
Ainsi le lot de chaque culture, faisant consensus sur une problématique
qu'elle a en héritage, c'est de trouver et cultiver son
"bon sens" et donc d'y ajuster son consensus et ainsi
son existence.
Le "bon" sens de chaque culture est le sens de sa "vocation",
le sens de sa "civilisation", le sens de la culture
qu'elle a à faire d'elle-même.
C'est aussi le sens selon lequel elle déploie ses meilleurs
talents, meilleurs potentiels, meilleures oeuvres.
C'est le sens par lequel elle permet à ses membres de
s'accomplir au mieux en tant que tels et par lequel elle peut
établir les meilleures relations avec d'autres cultures,
leur apportant ainsi le service d'une vocation originale dont
le mérite est la résolution d'une problématique
humaine. Si chaque culture en a une en héritage cela veut
dire que toute son histoire témoigne des problèmes,
conflits, tendances et aussi vertus correspondantes.
Chaque culture porte ses tares et ses vertus en portant la problématique
humaine qui la justifie pour elle même et pour toutes les
autres. Chaque culture est investie d'une certaine problématique
particulière mais sa vocation a une partie universelle
dans la mesure où elle vise tous les hommes concernés
par cette problématique.
Ainsi, pour résumer, chaque communauté humaine
est une culture, elle est basée sur une cohérence
en consensus. Cette cohérence est une part de l'Instance
humaine et constitue l'une des problématiques de l'humain.
Les sens de cette cohérence qui fonde chaque culture,
rayonnent autour d'un centre et parmi eux se trouve le sens de
la vocation de cette culture à résoudre sa problématique.
C'est le sens à cultiver pour le service de ses membres
et des autres hommes.
LES MANIFESTATIONS DE LA CULTURE
La théorie des Cohérences Humaines montre que toutes
les réalités humaines sont le fait d'un consensus,
celui simplement d'une communauté de culture. Ainsi le
consensus d'une culture s'actualise-t-il dans le monde manifeste
de celle-ci , ses réalités.

STRUCTURE COHERENCIELLE DES REALITES CULTURELLES
C'est donc selon la structure cohérencielle que l'on peut
envisager comment se manifeste une culture dans la réalité.
L'intention - Vocation
Le sens de la culture se traduit en intention, aspiration, en
vocation, système de valeurs etc...
Chaque culture est fondée sur tout un ensemble de sens
formant Cohérence parmi lesquels le Sens de sa vocation,
qu'il s'agisse d'une culture locale, régionale, nationale,
de celle d'une ville, d'une organisation, d'une entreprise, la
vocation commune est à rechercher parmi toutes les tendances
inhérentes à cette vocation Un choix, éminemment
"politique", consiste à privilégier cette
vocation, à cultiver comme intention collective ou volonté
politique.
L'objet et l'univers d'existence
Les cultures humaines ont souvent été associées
à un territoire ou bien un centre géographique
comme une cité (Rome). Elle ont pu l'être à
un livre : La Thora ou une religion; l'Islam...
Chaque culture a ainsi un objet autour duquel semble se vouer
l'existence de cette culture. Les peuples se sont dotés
d'objet ou lieux symboliques, marques de leur unité .
Plus généralement chaque culture se vit dans un
espace qui est le sien, qu'elle l'érige en
universel ou qu'elle le réfère à un universel
c'est toujours un trait, une manifestation de cette culture que
de se déterminer par son domaine et ce qui fait son unité.
Lorsqu'une culture par là même se confond avec son
territoire ou sa race alors on n'est pas loin des nationalismes
meurtriers.
Le développement de l'histoire
Cette troisième dimension est celle qui permet de caractériser
une culture par le développement de son histoire ou encore
l'histoire de son développement. On y puisera des rationalisations
rétrospectives pour expliquer, comment la culture s'est
constituée, développée, a subi avatars et
gloire. On y puisera aussi des ambitions et des projets jusqu'à
l'expérience d'une "mission" qui réalise
la conscience d'une raison d'être originale.
Le développement dans une région, une cité,
par exemple, n'est rien d'autre que la poursuite de l'histoire
de la communauté, si possible dans le sens de son bien,
mais en tout cas selon les buts et les manières propres
à cette culture.
Usages et moyens
Le plan factuel nous fait envisager les usages et pratiques qui
caractérisent une culture, ce sont les façons de
faire, de produire, les produits et les techniques forgées
ou appropriées.
Il faut, bien souvent, un oeil exercé pour se rendre compte
de l'existence de ces usages culturels persistants là
où il semble y avoir eu banalisation des produits et des
techniques.
Représentations
Depuis les mythes fondateurs jusqu'aux façons de comprendre
le monde et de s'exprimer, le champ des représentations
a souvent été assimilé à celui spécifique
de la culture. Il s'agit encore là d'une réduction.
Son identification aux yeux de la communauté comme aux
yeux des autres est une caractéristique et quelque fois
un souci des communautés culturelles.
On notera que la crise des représentations du monde moderne
bouleverse les référents identificatoires ce qui
se traduit par une sorte de dissolution des cultures ou par une
crispation identitaire quasi pathologique. Les "mentalités"
sont les modes de représentations culturelles.
Sensibilités et moeurs sociales
Chaque culture apprécie selon ses valeurs subjectives
ses conditions objectives, les choses, les affaires humaines
et de la vie en société. Cela s'exprime dans ses
sensibilités. D'une culture à l'autre les personnes
sentent les choses différemment jusqu'à la douleur
qui semble-t-il n'est pas la même selon les cultures pour
ce qui semble être la même maladie. Cette sensibilité
culturelle se traduit de façon élaborée
dans les moeurs sociaux, les rôles et leurs relations,
les responsabilités et leurs architectures, leurs hiérarchies
etc...
La construction de la société est une dimension
culturelle et on aurait tort de vouloir normaliser toutes les
sociétés humaines quant à ce qu'elles estiment
important ou secondaire et aux rôles et responsabilités
qu'elles en déduisent.
La tendance à préconiser des modèles standards
est, pour certains occidentaux, une manière de se détourner
du fond d'humanité des cultures pour en faire une question
de formes (réductions culturelles ou idéologies
politiques).
LA MULTIPLICITE DES CULTURES ET LEURS RELATIONS
LE CAS DE L'EUROPE
La multitude des communautés culturelles et leurs rapports
est un des problèmes les plus complexes et les plus transversaux
de ce temps, compte tenu de la rapidité et de la généralisation
des relations.
Problèmes entre les nations, les pays, les régions,
les ethnies; problèmes dans les organisations multiculturelles,
problèmes même entre cultures professionnelles,
philosophiques, sociales, etc.
On sait, d'expérience, ces problèmes solubles mais
aussi qu'aucune solution classique n'est véritablement
valide.
Annuler le fait culturel c'est renoncer à une identification
du lien social ancré dans l'humanité de l'homme.
Comment renoncer à sa personnalité pour participer
à un jeu collectif abstrait de ces racines humaines. On
voit bien que des décennies ou des siècles après
les cultures sont toujours là..
Enfermer le fait culturel dans une réalité close,
territoire, formes culturelles ou religieuses, débouche
sur les nationalismes et intégrismes meurtriers.
Établir une vaste circulation des objets culturels déconnectés
de leurs racines propres pour, au mieux, en faire le support
d'images folkloriques, cela aussi est dommageable. L'universalisation
de la société marchande, lorsqu'elle est réduite
au fonctionnement du système économique et seulement
régi par ces lois supposées économiques
est toujours une solution démentie par l'histoire. Ce
sont toujours les cohérences humaines qui régissent
les rapports humains et l'histoire et non pas des lois économiques
résidant dans quelques cieux abstraits d'où elles
régneraient.
La théorie des Cohérences Culturelles éclaire
ce problème du multiculturalisme autrement.
Tout d'abord si le lot de chaque culture est d'être ancrée
dans un consensus sur la cohérence d'une problématique
humaine alors c'est au coeur de chacun, en son Instance que se
situe déjà le multiculturalisme. Il faut donc le
résoudre en soi-même si on veut le résoudre
dans la réalité.
Ainsi il faut reconnaître en soi ou se reconnaître
dans les autres cultures pour, déjà, apercevoir
la pluralité en question. L'absence de cette reconnaissance
est alimentée d'ailleurs par ce qui relève du simple
descriptif, ne témoigne pas ou ne parle pas au coeur,
au plus profond de soi, constituent ainsi ces savoirs dépourvus
de connaissance véritable.
Cette ignorance qui peut aller avec force érudition entraîne
à une sorte de clivage où la personne ne sait plus
lorsqu'elle est d'une culture ou d'une autre. Les personnes dites
biculturelles vivent souvent ce problème d'un déplacement
intérieur, d'une coupure entre deux mondes.
Les relations multiculturelles impliquent aussi cette sorte de
reconnaissance de la culture de l'autre mais aussi de la sienne
qui dépasse celle que l'on en a en général.
On verra dans un prochain chapitre comment la pratique des cohérences
humaines permet ces découvertes par l'analyse des cohérences
culturelles.
On peut en définitive concevoir quatre solutions pour
les relations entre deux cultures.
- ou bien la rencontre dans l'une des cultures ce qui suppose
un déplacement de l'autre qui renonce (provisoirement)
à la sienne.
- ou bien un double déplacement sur une culture commune
plus profonde et surplombante si bien que la différence
entre les cultures devient une différence dans la culture
commune.
- ou bien encore un double déplacement sur une culture
tierce, éventuellement créée pour la circonstance
autour d'un objet commun et qui sera de ce fait beaucoup plus
superficielle. C'est un peu le cas des relations internationales
qui s'établissent sur un jeu d'échanges relativement
réduit ou bien qui tentent d'établir des règles
régissant un espace commun où personne ne se retrouve
réellement. Cette solution est juste suffisante pour des
rapports contingents.
L'étude des cohérences culturelles de l'Europe
à un double intérêt ici. D'une part elle
illustre ce qu'est une culture dans ses différents sens
à partir de la problématique qu'elle a en charge.
D'autre part il se trouve que la problématique de la culture
européenne, liée à la question du rapport
à l'étranger, déploie en tous sens des tentatives
de résolution de ce problème des relations entre
cultures.
On peut même conclure que la vocation de l'Europe, son
meilleur sens et sa possible vertu (comme ses principaux vices),
c'est justement d'avoir à résoudre cette question
en étant déjà communauté de communautés.
La question du lien social et de la constitution des communautés
humaines est aussi l'une des plus européennes qui soit,
ce qui fait qu'en Europe se jouent des questions auxquelles il
va falloir répondre à nouveaux frais.
La Cohérence de la Culture Européenne et
ses sens
Europe ou le rapport à l'inconnu.
étude réalisée en 1989
Dès l'origine l'identité de l'Europe est un mystère.
La phénicienne mythologique, séduite par Zeus déguisé
en un taureau étrange qui a donné son nom à
l'Europe n'y avait jamais mis les pieds. Dès le VIIe siècle
avant Jésus-Christ le terme désigne le territoire
formé par le péninsule de l'Asie et les "terres
inconnues" du nord de la Grèce.
Terme de géographie, ce n'est qu'épisodiquement,
avec de longues éclipses que l'idée d'une communauté,
d'une culture, d'une unité politique différenciée
se fait jour.
Ce que l'étude nous révèle c'est que le
lien commun, le lieu de la rencontre des consensus européens
est cette problématique humaine du rapport à l'Inconnu.
L'Inconnu c'est ce qui est et que l'on ne connaît pas,
le mystère, le coeur ou la vérité des choses,
l'Etre, derrière les apparences, l'inconscient en nous-même
et les autres, l'Autre être, étrange étranger
qui nous est présent sans que l'on puisse le saisir, le
connaître absolument. C'est une présence invisible
que l'on manque à maîtriser, un défaut de
maîtrise, un manque au coeur du visible et qui tient lieu
d'Etre.
Culture de l'Etre, de l'Etranger, elle est la culture de la personne
comme être singulier original et unique, insaisissable
dans sa radicalité.
Philosophie grecque et anthropologie chrétienne en font
la terre d'élection d'une pensée humaniste et d'un
personnalisme qui peuvent ainsi tourner à l'anti-humanisme
et à l'individualisme.
L'Inconnu est ce qui interpelle l'européen et suscite
ses réactions, les réactions en tous sens qui caractérisent
sa culture aux frontières si floues, au coeur si insaisissable,
et pour cause.
La carte de cohérence servira pour cela de guide ou plutôt
de boussole dont les directions sont autant de sens pour les
réactions à cette interpellation par l'Inconnu.
Autant de sens pour des sensibilités, des mentalités,
des usages différenciés. Autant de sens pour des
logiques, des dynamiques et des valeurs diversifiées,
pour le pire et le meilleur.

Chaque sens de la carte de Cohérences se comprend par
opposition à son inverse et par conjugaison de ses latéraux.
Horizontalement
A gauche, l'Europe est celle des contrastes, de l'aventure, aux
frontières du connu, de l'entreprise incertaine et du
saut dans l'inconnu. Elle est celle du courage, de la rencontre
de l'étranger, du mystérieux. Culture d'aventuriers
et d'entrepreneurs et culture de la confrontation... des cultures,
de la rencontre des différences.
A droite, au contraire, l'inconnu suscite recul et retrait, crainte
et défensive. Il appelle sécurité et protection
derrière ce qui efface la différence, élimine
l'incertain, l'inconnu. Idées toutes faites, idéologies,
goût de l'ordre établi sont autant de défenses.
La réduction du réel au conscient, de l'univers
au connu, font partie des défenses que la psychanalyse
(bien européenne) a mis en évidence et que les
sociétés européennes savent cultiver par
toutes sortes d'artifices.
Verticalement
En haut, l'Europe est celle du formidable désir de connaissance
qui en fait le berceau de grandes découvertes et de la
science moderne par exemple. L'inconnu appelle la curiosité,
l'ouverture et celles-ci débouchent à la fois sur
l'humanisme et la tolérance et sur la recherche du nouveau.
Le manque de maîtrise provoque le désir de compréhension;
le problème: le désir de résolution. Connaissances
et techniques fleurissent sous la gouverne de cette réaction.
En bas, à l'inverse, il y a en Europe une réaction
négative face à l'inconnu et l'étranger.
Tout simplement il n'existe pas, c'est quantité négligeable
et bon à être ignoré. L'Europe s'enorgueillit
d'autant plus d'être LA culture, LA civilisation qu'elle
refuse de voir et d'entendre ce qui lui est étranger et
qu'elle ne peut que subordonner. L'individualisme est avant tout
rejet de l'autre dans son étrangeté, son altérité.
L'égocentrisme est refus de l'être, de l'inconscient,
de la profondeur source de différence. Le manque de maîtrise
se résout par la fermeture sur le territoire de l'égo,
celui du à soi et du même.
Combinés ces quatre sens donnent :
Au Sud-Ouest, une confrontation négatrice paradoxale qui
fait de l'autre un rival, de l'étranger un concurrent
et une opportunité. L'Europe des puissances n'a cessé
de nouer des alliances et des compromis pour mieux rivaliser
avec l'autre. Son manichéisme est mâtiné
de compromissions, si bien que les extrêmes se trouvent
complices dans un affrontement dont l'antagonisme supporte tout
à fait une identification réciproque des partis.
Berceau des idéologies de la lutte des classes et de la
concurrence fondatrice l'Europe ne cesse de reconstituer ses
blocs et ses tours d'ivoire corporatistes pour les nouvelles
batailles qui ne sont que la règle du jeu de déjouement
de la présence de l'autre et de l'être en soi.
Au Nord-Est c'est le contraire évidemment, "Ouverture
défensive", nouveau paradoxe de la culture européenne.
Oui à l'inconnu à condition de l'inscrire dans
une structure connue ordonnée. Le rationalisme est européen
et la France en est l'un des plus fameux berceaux. Objectiver
l'inconnu, normaliser les différences, régler et
réglementer. Telles sont les réactions face à
l'incertain, l'étranger, le non familier. Encyclopédistes,
rationalistes, républicains, démocrates formalistes,
systémistes, scientistes contribuent à tisser cette
immense broderie de l'organisation commune d'une Europe ouverte
sur un ordre toujours à repriser, qu'il soit mental, juridique,
administratif, politique, scientifique, social, économique,
etc.
Au Sud-Est refus défensif, crainte et réaction
sécuritaire, négation de l'autre, de l'étranger,
font le lit des fascismes, totalitarismes, nationalismes extrémistes.
La xénophobie, le racisme, alliés aux envolées
romantiques et aux exaltations morbides ont connu leur sommun
dans le nazisme. Nier le Néant et se retrouver fasciné
par la mort de l'Autre, qui n'épuise d'ailleurs pas le
sujet tant qu'il y a de l'être en soi à suicider.
Destin des violences paranoïaques. L'Europe maître
du monde tel est là son destin impossible, source d'insécurité
inépuisable. Le refoulement de l'autre, de l'être
et de l'étranger, sont une tentative de fuite dans le
déni de l'Etre. Edgar Morin voit là le fondement
de l'Europe. Cela n'en est que son pire penchant.
Au Nord-Ouest, ouverture et confrontation. La rencontre se fait
concourance. Reconstitution du tissu des êtres, des autres,
des inconnus. Alliances et réconciliations, union des
différences, l'Europe est alors communauté de communautés,
elle est en quête d'intégration mais intégration
veut dire respect de l'intégrité de l'autre dans
une union féconde. Alliance de l'esprit et de la matière
dans la créativité, alliance de la philosophie
et de la science dans la connaissance et le discernement. Alliance
des valeurs complémentaires reconnues et risquées
ensemble. Union entreprenante d'entreprises autonomes. Bouquet
des valeurs et des talents. Commerce des valeurs différenciées
pour trouver une unité de consensus. Résolution
de la question de l'unité des différences. Concourance
des entreprises, économie de concourance. Telle est la
vertu majeure de la culture européenne. Ce qui est sa
problématique est la source de ses meilleures valeurs.
C'est aussi sa vocation.
La vocation Européenne tient en deux mots, réconciliation
et concourance. Elle a une visée aussi bien philosophique
et spirituelle que culturelle et sociale en même temps
que dynamique et pratique.
Cet esprit européen n'est pas dominant même si on
peut en pressentir à bas bruit l'émergence :
- construction européenne en butte aux réactions
normatives, rivalisantes ou fascisantes,
- rencontre, découverte et création de réseaux
d'entreprises,
- recherche d'une unité, d'une identité européenne
réparatrice des excès de l'histoire, tant pour
elle-même que pour les territoires qu'elle a occupé,
dans le respect des autres et avec leur concours.
Mais pour imaginer une Europe engagée dans sa vocation,
encore faut-il accepter l'Inconnu et ne pas refuser l'aventure,
avoir le courage de la découverte, de la rencontre, de
la création. Telle est l'aventure toujours neuve que l'Europe
offre à l'homme moderne pendant qu'elle ne cesse de le
tenter sur des pentes plus faciles et si bien balisées
par l'histoire. Peut-être faut-il retrouver les chemins
des pèlerins et des marchands, des bâtisseurs de
cathédrale et des maîtres d'antan pour qu'au Moyen
âge réponde aujourd'hui l'âge mur de l'Europe,
gage d'une plus grande maturité de l'homme, intégré
et réconcilié. Cette Europe n'a pas de frontières
puisqu'elle peut habiter partout où il y a des hommes
originaux, des cultures singulières et des entreprises
de concourance à vivre.
A l'Europe de s'inventer comme foyer et non comme territoire
ou comme norme. Telle est la voie de son universalité,
non exclusive de celle des autres cultures.
DESINTEGRATION
ET INTEGRATION SOCIALE
Dans les pays occidentaux, et en France notamment, on assiste
à un développement extraordinaire des "exclusions",
chômeurs, jeunes sans emploi, nouveaux pauvres, handicapés
physiques et mentaux, immigrés ou descendants de l'immigration...
Si toutes ces catégories se recoupent il n'en reste pas
moins que ce sont en France des millions de personnes qui sont
concernées, avec leur famille bien souvent.
Il ne s'agit plus d'une question de "marginalité"
mais de désintégration sociale.
Depuis au moins une décennie règne l'idée
qu'il y a d'un côté une société assimilée
à un système (économique principalement)
et de l'autre des exclus. Les politiques d'insertion reposent
sur ce schéma d'un dedans/dehors. Ce schéma occulte
le fait qu'il s'agit d'une seule société et que
c'est au coeur d'elle même que les ruptures s'opèrent.
Au lieu de fabriquer une sorte d'excroissance du système
socio-économique pour inclure les exclus par toutes sortes
de "mesures" et de dispositifs il faudrait s'interroger
sur le phénomène de désintégration
de notre société
Pour cela, si on ne veut pas continuer à accumuler les
raisons qui n'expliquent rien, il faut en venir à la question
de l'intégration d'une communauté humaine.
Comment se forme une communauté humaine, comment elle
tient, quel est son lien, sa nature et ses modalités.
C'est comme cela que l'on pourra comprendre le phénomène
de désintégration et aussi penser des solutions
d'intégration individuelles et collectives.
Ce type de question : désintégration/intégration
se pose aujourd'hui très largement dans la mesure ou cela
touche aussi bien les individus que des groupes entiers (professions
en difficulté, minorités etc...).
Le point fondamental est lié à la conception du
lien social, à la conception de l'unité d'une société.
On reprendra ici les quatre tendances à l'oeuvre aujourd'hui,
évoquées en introduction, qui nous donnent quatre
visions de la question reposant chacune sur un sens différent,
un regard avec sa cohérence propre.
Premier regard, première version :
La société est un amalgame qui tient son unité
d'un pouvoir de cohésion. L'exclu est celui qui, par quelque
biais, trahit la communauté, l'étranger est suspect
et le chômeur fainéant, le handicapé l'a
bien cherché.
On voit bien que c'est par quelque procédure d'allégeance
que peut se faire une intégration qui vise à abolir
la différence d'être c'est-à-dire l'altérité.
En effet la communauté formant un seul corps il n'y a
plus qu'un être : le détenteur du pouvoir, identifié
à l'être de la communauté (le peuple), l'un
et l'autre se justifiant mutuellement, union du peuple grâce
au pouvoir, pouvoir au nom du peuple.
Toute altérité : autre peuple, autre être,
différent, autonome, est aperçu comme altération,
souillure, pollution, impropre (le "sale étranger").
Les exclusions sont donc vécues comme la sanction d'une
altération plus au moins coupable, et l'intégration
comme une prise de possession ou dépossession de l'altérité
de l'autre, une soumission consentie (assimilation?). Malheureusement
il arrive que sur le terrain ce soit de telles injonctions qui
sont pratiquées, réclamant le renoncement à
l'Etre pour "avoir le droit".
Second regard, deuxième version :
La société est l'architecture rationnelle des fonctions
sociales. Il y a une sphère du privé, du personnel,
et une sphère du social dont le lien est la structure
rationalisée de la cité sur tous les plans, matériel,
politique, économique, etc...
D'une certaine manière le lien-structure s'impose aux
personnes pour régir leur participation à la société
et donc leur permettre d'y subsister et d'y fonctionner selon
leur compétence.
L'exclusion est donc là une question de compétence
et naturellement la solution un problème de formation
à la compétence socio-technique requise.
Un surcroît de rationalisation sociale, associé
à un effort de (con) formation devrait venir à
bout du problème.
Il semble bien là que quelques chose échappe à
la raison, qui rende globalement vaines les structures d'intégration
bâties dans ce sens. La raison économique, politique,
sociale, technique, ne serait-elle pas déterminante de
la constitution de la communauté ? Probablement pas mais
quelle révision pour l'idéalisme rationaliste et
la plupart des idéologies modernes qui y sont ancrés
!
En effet il est quelque peu étonnant que les sommets de
perfectionnement, de rationalisation, que les techniques, notamment,
s'assortissent d'un tel échec sur la structure d'ensemble
de la société qui semble quelque peu se désagréger.
Troisième regard, troisième version :
Le lien social n'est rien d'autre ici que l'ensemble des interactions
qui constituent le système social. Les individus (il n'y
a plus "personnes" au bout du compte) n'existent que
par l'ensemble des interdépendances auxquelles ils participent.
La logique du système, en termes d'équilibre, veut
que le bilan des interactions soit positif ou négatif.
S'il est positif alors les individus profitent du système
dans la mesure même de leur adaptation, les autres sont
plutôt déchus du système ce qui est dans
la nature des choses lorsqu'il sont moins "adaptés".
Cette ligne de l'équilibre adaptatif sépare la
société en deux. C'est le fondement logique réel
de la société duale.
Même les inadaptés sont en quelque sorte intégrés
au système dans la mesure ou c'est une loi de nature qui
leur assigne une place.
Le problème n'est plus que d'organiser la circulation
qui permettra le libre fonctionnement du système quitte
à prévoir des voies de recyclage où certains
trouveront le moyen de revenir dans la première catégorie
et les autres n'auront plus qu'à assumer cette position
d'exclus dans une infrastructure adéquate à leur
condition mineure.
L'insertion dans les interstices de l'une ou l'autre facette
du système social est synonyme d'intégration. Voyons
bien que lorsque le système des interactions extra individuelles
est considéré comme lien social, c'est une extra
territorialité humaine qui forme le terrain social, le
lieu du lien. L'humanité de l'homme comme le préfigurait
le rationalisme est exclue du lien social. Ici le prix de l'insertion,
c'est la négation d'humanité de la personne.
Dans ces trois versions l'homme est invité à être
autre qu'une personne douée d'humanité pour se
réduire à l'individu que réclame la société
pour s'y trouver intégré. Le prix de l'intégration
c'est la perte d'intégrité.
Si, au contraire, le lien social, selon le sens que reconnaît
la théorie des Cohérences Humaines comme le meilleur,
est sens et consensus. C'est le coeur même de la personne,
là ou réside son intégrité qui y
est investie.
L'intégration sociale est l'univers des intégrités.
L'intégrité personnelle (sous le meilleur sens)
est la condition de l'intégration à la communauté
et, par suite, de la communauté.
L'intégration de la communauté est le processus
par lequel les hommes s'intègrent à la communauté
et découvrent et développent leur intégrité.
Autrement dit, la recherche et le renforcement de l'intégrité
personnelle, l'intégration à la communauté
et la formation de la communauté elle-même vont
de concert. L'idée d'une société stable
et d'une modification de l'individu pour s'y intégrer
est dangereuse et même désintégrative avec
son lot de délinquance, déviance, drogue, auto-destruction.
L'injonction d'insertion, dans cette perspective, est la source
de la désintégration.
L'idée d'intégration de personnes à une
communauté sans mise en question de cette communauté
est dangereuse. Elle fonde son développement dans l'annulation
des altérités et non dans leur concourance dont
la configuration dépend des membres (alter), même
si le sens commun reste le même.
Autrement dit, toute communauté humaine est une communauté
fraternelle d'étrangers (lorsqu'elle est vue dans le sens
adéquat).
L'intégration dans une communauté implique donc
simultanément :
- la reconnaissance de la personne (ou du groupe humain) dans
son intégrité et sous ses meilleurs potentiels
personnels et culturels.
- la reconnaissance de la communauté dans son intégrité
culturelle, et sous ses meilleurs potentiels.
- la rencontre et l'accueil réciproque dans la recherche
des conditions d'une intégration où l'un évolue
vers l'autre, micro pédagogie des personnes, macro pédagogie
des groupes humains.
- le développement d'une concourance, autrement dit du
service de la personne à la communauté, et de la
reconnaissance par celle-ci de la valeur de ce service par rapport
aux fins et au devenir de la communauté.
On pourrait dire ainsi que l'intégration sociale se fait
par un "commerce des valeurs" c'est-à-dire connaissance,
reconnaissance et conjugaison des "valeurs" réciproques.
Le commerce, comme moyen du lien social, est bien justifié
à condition que ce soit ce "commerce des valeurs"
où rien n'interdit de resituer les échanges de
"biens" et "services" s'il s'agit du bien
et du service des hommes.
Enfin l'intégration sociale ne peut se faire qu'en partage
de consensus selon un sens, c'est-à-dire selon une perspective
ou un projet. C'est la concourance à un projet commun
qui permet cette intégration et non pas un face à
face duel.
L'intégration des personnes à la communauté
fait évoluer le projet de la communauté qui pèse
évidemment plus lourd en général que l'apport
de quelques personnes. Le projet social, la perspective de développement
de la communauté au travers de ses modalités d'existence,
est le terrain de tout rapprochement.
Une société sans projet humain se désintègre
par désimplication de ses membres. Il en va de même
s'il s'agit de faux projets humains négateurs ou réducteurs
de l'humanité de l'homme.
Pourquoi s'étonner que des projets par trop rationalistes,
technocratiques, économistes, naturalistes ne mobilisent
pas les populations. Elles ne sont pas touchées au coeur.
Alors les manipulateurs d'affectivité archaïque ou
de sentimentalité immature ont le terrain libre pour substituer
la violence des affects au discernement du sens et de la vocation
humaine des personnes et des communautés. Les épreuves
de l'Europe devraient nous questionner sur la connaissance qu'ont
les européens de leur propre culture et vocation culturelle
locale et des autres cultures de la même communauté
européenne (au-delà des représentations,
des affects et des intérêts immédiats).
L'Europe est interpellée dans sa vocation même.
Il n'est pas étonnant qu'intégration et désintégration
y soient simultanément à l'oeuvre. Il s'agit que
les européens, et avant tout ceux qui font profession
de responsabilité, discernent le bon sens et cessent d'alimenter
les sens destructeurs d'intégrité avec des certitudes
figées en guise de conscience des sens. Les responsables
ont à répondre du sens des entreprises qu'ils dirigent,
des communautés qu'ils orientent.
C'est là le problème du politique.
LE DEVELOPPEMENT LOCAL
RURAL ET URBAIN
Considérée à partir de la théorie
des Cohérences Humaines, il nous faut observer que la
question du développement est au croisement de la question
de la culture, pour le fait qu'il s'agit d'une communauté
locale, et de la question de l'entreprise pour ce qui concerne
les modalités et la maîtrise du développement.
La généralisation du terme de développement,
tant dans les pays du tiers monde que dans les régions
et localités du monde occidental, est significative de
l'avènement d'une nouvelle façon d'envisager la
vie des collectivités humaines.
Il ne s'agit pas simplement de conservation ou de subsistance
mais de développement.
Cependant il ne faut pas prendre le développement comme
un chose, que l'on fabrique, que l'on met en place, que l'on
apporte là où il en manquerait. Il faut le comprendre
comme le mouvement même d'une communauté humaine
qui déploie les potentialités qui lui sont propres
et progresse ainsi dans l'accomplissement de ses vertus et par
là même de ses hommes.
Trop souvent le développement est envisagé, ou
même réalisé, "à l'encontre"
de ceux qui sont censés en être bénéficiaires.
Il nous faut donc envisager ici trois couples de repères
pour discerner la logique d'un développement véritable,
celui dont les finalités humaines en justifient le projet
et les moyens.
Au développement forcé, contrainte nécessaire
imposée par quelque crise ou conjoncture, nous opposerons
un développement ambitieux, qui traduit des aspirations
et une espérance de progrès humain au travers des
modalités de l'existence collective.
Au développement exogène, conçu selon des
modèles, des normes et des méthodes étrangères,
nous préférerons le développement endogène
qui est l'expression originale de la collectivité et de
sa culture propre.
Au développement plaqué, construction artificielle
ou aménagement installé sur le terrain d'une collectivité
locale et coupé de ses racines, nous substituerons un
développement participatif et communautaire, fruit d'une
"concourance" entre les partenaires concernés.
Le développement est la réalisation d'une ambition
propre fondée sur un consensus.
Dans de nombreux cas, ces principes ne sont pas respectés.
- par exemple le développement d'activités économiques
au détriment des populations locales ou au profit d'intérêts
individuels ou extérieurs,
- par exemple le gaspillage d'investissements qui s'avèrent
non pertinents ou qui ne sont pas intégrés par
les gens,
- par exemple la mise en place d'aménagements qui répondent
plus à la satisfaction d'experts ou de technocrates qu'à
celle des habitants qui les désertent.
On pourrait taxer d'incohérent tout développement
dont les justifications et les réalisations ne seraient
pas authentiquement fondées dans le milieu social, la
collectivité humaine dont ce doit être l'engagement
propre.
Au travers de quelques questions simples, on peut vérifier,
évaluer et même fonder la cohérence et l'authenticité
de tout projet de développement.
Le développement de qui ? Le développement de quoi
? Le développement pourquoi ?
LE DEVELOPPEMENT DE QUI ?
Question largement oubliée. Il n'y a de développement
que celui d'une communauté humaine. Autrement dit, tous
les problèmes, processus et fruits du développement
ne peuvent qu'être ceux de la collectivité en propre.
S'il s'agit de l'habitat, c'est son habitation, s'il s'agit d'agriculture,
c'est son activité agricole, s'il s'agit d'équipements
collectifs ce sont ses équipements.
Cela ne veut pas dire que la collectivité acquière
quelque chose en plus mais qu'elle développe ce qu'elle
est. Il s'agit plus d'un Etre que d'un Avoir.
Le développement doit toujours être envisagé
comme un acte d'auteur, celui de la collectivité elle-même.
Ce sont ainsi les potentialités de la collectivité
qui devront s'actualiser pour qu'un développement soit
endogène.
Mais pour cela il faut reconnaître ce que sont les potentialités
propres, ce qui fonde le caractère propre et original
de la population concernée.
La théorie des Cohérences Humaines montre qu'il
s'agit là de ce que l'on a appelé la culture du
groupe humain.
Le sujet du développement, c'est donc la culture de la
collectivité. C'est elle qui se développe, c'est-à-dire
qui s'actualise dans un présent en devenir.
LE DEVELOPPEMENT DE QUOI ?
Cette question est liée à la première. On
pourrait considérer le développement des choses,
des structures, des systèmes en eux-mêmes, pour
eux-mêmes, par exemple, le développement de l'agriculture.
Or de nombreux exemples montrent que le développement
(au sens de croissance) de l'agriculture peut se faire au détriment
des agriculteurs eux-mêmes. En outre, il arrive souvent
que l'on confonde le développement avec l'installation
ou l'extension d'aménagements qui ne concernent pas les
gens.
En fait, il n'y a de développement que du mode d'existence
propre de la collectivité. Si c'est la culture qui se
développe, ce qu'elle développe, ce sont les modalités
d'existence du groupe humain. Ces modalités sont aussi
riches et variées que ce qui fait la vie en société,
habitat, techniques, relations, connaissances, vocation, représentations,
projets, oeuvres, réalisations, échanges internes
et externes, etc...
Le développement est donc celui des modes d'existence
collectifs qui sont eux-mêmes l'expression de la culture
propre.
Ces modes d'existence préexistent forcément à
toute action de développement. De ce fait, le développement
est toujours une évolution de l'existant et ne doit pas
être plaqué comme sur un terrain vierge, une table
rase.
Par ailleurs, le développement de telle ou telle réalisation
ne vaut qu'en tant qu'elle participe à la vie commune
et à son évolution. C'est la condition pour que
le développement soit intégré, c'est-à-dire
qu'il soit en cohérence avec l'ensemble des modalités
de la vie collective. En effet, un aménagement urbain
qui ne participe pas des modes d'habitation et des données
économiques du lieu, restera une greffe artificielle susceptible
de phénomènes de rejets, à moins d'une "récupération"
par le milieu social.
C'est comme cela que l'on gaspille de grands investissements
en négligeant l'essentiel : le développement des
modalités d'existence commune, de co-existence.
LE DEVELOPPEMENT POURQUOI ?
Sachant qu'il n'y a de développement que celui des modes
de vie d'une communauté culturelle, il reste encore à
justifier le sens de ce développement. Pour se développer,
il faut sortir de tous les fatalismes et du pathos nécessitaire
qui n'ont pour effet que de développer l'angoisse et son
commerce florissant.
Au contraire, le développement doit être justifié
par une espérance, des aspirations qui expriment des valeurs
humaines communes. En fait, chaque communauté culturelle
possède une diversité de tendances, les pires comme
les meilleures, parmi lesquelles on peut discerner une "vocation
culturelle".
Autant on peut souhaiter à une personne de se développer
selon sa vocation propre, autant on peut l'espérer d'une
collectivité locale ou nationale, celle d'un quartier
ou d'une région. Chaque collectivité humaine porte
dans sa culture les dispositions à plusieurs développements
qui lui sont propres. Mais elle porte parmi elles une vocation
qui correspond à ses meilleures valeurs, ses meilleures
potentialités et donc le meilleur accomplissement de ses
richesses et de ses hommes.
Le développement pour le développement est stérile
ou même néfaste. Il suffit d'en voir les effets
dans le tiers monde et même ailleurs.
Tout développement qui n'est pas l'accomplissement d'une
vocation culturelle originale n'est pas justifié ni pour
les hommes de la communauté, ni pour les autres collectivités
humaines.
Lorsqu'il est orienté selon la vocation propre de la collectivité
culturelle, le développement est le plus fécond
et le plus profitable, non seulement à la collectivité
elle-même, mais à tous ses partenaires extérieurs.
C'est ainsi que les intérêts peuvent converger,
contrairement aux visées captatrices et concurrentielles
qui prévalent souvent.
Le lecteur habitué à se confronter aux aspects
techniques, financiers, aux problèmes réglementaires
de pouvoir, de coordination, etc..pourrait juger utopique ou
irréaliste cette conception du développement. Ce
peut être le cas de projets dont le sens est discutable
ou dans une perspective réductionniste, si courante, qui
tend à traiter les affaires humaines sans les hommes ou
malgré eux.
C'est aussi probablement le fait d'une carence des sciences humaines
qui n'ont pas permis jusqu'ici de maîtriser les implications
anthropologique fondamentales de cette approche, pourtant énoncée
ou réclamée ici ou là (le développement
endogène fondé sur la culture, ou les recherches
d'un urbanisme vraiment "'habité" par les gens,
etc..).
En définitive, la réalité du développement
est celle issue d'un consensus culturel. Elle est, dans son fondement,
liée au partage d'humanité et à l'originalité
d'une problématique humaine qui constitue les racines
de la communauté. C'est pour cela que lorsqu'il est pris
dans le sens de la vocation culturelle du milieu, alors ses formes
sont toujours originales. Il a fallu souvent chausser les lunettes
d'une vision normative pour ne plus déceler cette originalité,
la personnalité de toute communauté, et en venir
à imposer des modèles dont le standard est dépersonnalisant,
cela rejoint certaines conceptions de l'intégration-insertion.
Par ailleurs le développement au travers de ses multiples
visages trouve sa cohérence dans le sens de son "entreprise".
Les projets de développement ont alors toutes les caractéristiques
des entreprises humaines et, à leur manière, sollicitent
toutes les questions du gouvernement des entreprises humaines.
Cet aspect entrepreneurial du développement pose la question
d'une direction qui renvoie au politique. Il pose la question
d'une mobilisation collective, celle des stratégies, des
identifications, des opérations, de l'économie
etc..
Il faut observer que lorsque le développement est réduit
à l'économique on se trouve souvent dans un sens
"culturel" qui réduit la réalité
à une alternance d'abondance ou de pénurie: profiter
ou survivre.
On se trouve aussi quelques fois tout simplement au niveau d'une
vision primaire, judicieuse uniquement s'il s'agit d'une communauté
d'âge primaire.
La théorie de l'évolution des phénomènes
humains montre en effet qu'une société d'âge
primaire trouvera son meilleur développement dans l'apprentissage
du perfectionnement de son économie (règles de
l'existence de la communauté)
Une société d'âge secondaire cherchera à
développer son identité au travers de ce qui peut
la qualifier aux yeux des autres populations et de la sienne.
Une société d'âge tertiaire cherchera plutôt
à développer une vocation originale en cultivant
ses potentiels en vue d'accomplir une "mission" vis-à-vis
de ses membres et des autres communautés. Reste à
ce que le sens de cette mission soit sain.
L'évolution de la situation internationale remet en question
la responsabilité des nations, les unes vis-à-vis
des autres, et même des peuples ou régions minoritaires.
On peut aussi avec ce moyen de lecture comprendre les situations
où il semble qu'un "sous développement"
soit à l'oeuvre.
Pour certaines il s'agit de sociétés qui n'ont
pas pris la voie de cette progression des âges et dont
le développement est vain par rapport à cette civilisation
.
Observons comment des régions très industrialisées
aux 19 et 20 siècles connaissent une deshérence
d'autant plus grave que le succès industriel s'est allié
avec une déresponsabilisation collective, un désapprentissage
de la maîtrise locale de l'économie.
Observons aussi cette étonnante impuissance de communautés
humaines entières (chômeurs, concentrations urbaines,
populations du tiers monde) à assurer, comme l'homme l'a
toujours fait, leur subsistance. Tous se passe comme si il y
avait un désapprentissage du savoir exister ensemble,
du savoir constituer une communauté en développement.
N'est-ce pas une des conséquences de l'idée moderne
que le développement est l'extension d'un système
(par lui-même ou par l'Etat) plutôt que celui du
tissage des liens de concourance qui forme la communauté
au travers des échanges de services.
Les régressions sont nombreuses aujourd'hui, même
dans les pays dits développés. Elles peuvent même
conduire des sociétés à un âge archaïque,
celui du déchaînement des passions aveugles.
Dans le sens inverse c'est bien à une véritable
reconstitution de la communauté que l'on aura à
faire :
- reconnaissance de peuples, ou communautés régionales
ou locales abîmées dans la confusion, la violence
ou l'apathie.
- rééducations lorsque le savoir-faire de la vie
économique est perdu et qu'il faut réapprendre
de façon très pragmatique à assumer collectivement
la subsistance et la croissance.
- réhabilitation lorsqu'une communauté ne trouve
pas sa place ou ne trouve plus la qualification de son originalité
à force de banalisation ou d'enfermement dans les stéréotypes
de l'idéologie ou des modes séductrices.
Aujourd'hui les véritables problèmes du développement
sont de cet ordre, non pas pour réparer artificiellement
un système économique accidenté mais pour
réparer une société qui a perdu le sens
et la maîtrise de son existence. De ce fait la connaissance
des cohérences humaines qui font le lien social est indispensable.
C'est à une sorte de clinique sociale qu'il faut faire
appel, mais il n'y a pas de clinique sociale sans une théorie
de la nature humaine, des sociétés (carence des
sciences humaines et sociales contemporaines qui ont évacué
la question de la nature de l'homme).
Concluons sur le fait que la théorie des Cohérences
Humaines, pénétrant au coeur de l'histoire des
communautés humaines, sans négliger ses réalités,
montre que les questions de développement renvoient à
une confrontation avec les problématiques humaines qui
forment l'"âme" des sociétés et
avec la génèse de celles-ci et l'accomplissement
de leur vocation.
Le coeur de la question est gravement ignoré de la majorité
des experts et un nouveau regard est la condition incontournable
de la résolution des problèmes posés au
monde actuel dans les pays pauvres et au coeur même des
sociétés riches dont la pauvreté du développement
humain éclate de plus en plus. Les auteurs de science
fiction nous ont présenté ces dernières
décennies, des sociétés modernes dans leur
technologie et profondément arriérées sur
le plan de la civilisation.
Ce que des millénaires ont construit est toujours à
la merci de la négation ou de l'ignorance du sens humain
du développement.
LE POLITIQUE
L'un des problèmes majeurs de notre temps est celui du
politique. Il se présente sous deux aspects: la remise
en cause de certitudes et de nouveaux problèmes difficiles
à résoudre. Les remises en causes sont notamment
de trois types:
- Le problème de la crédibilité des hommes
politiques qui sur le fond traduit une "perte de sens"
ab-sens que l'abstentionisme électoral exprime souvent
ainsi qu'une nouvelle exigence éthique sous la forme ambiguë
du soupçon.
- Le problème de la démocratie où l'on voit
qu'en son nom tout est possible et on peut se demander s'il faut
sauver le concept, ou s'il faut sauver ce qu'il serait sensé
signifier. En particulier l'hypothèse d'une égalité
de valeur des opinions, quelque soit leur sens dans le jeu démocratique,
ignore la question du sens de la vie collective. De même
que celle d'une égalité de conscience, de discernement
et de maturité humaine ignore le problème de la
responsabilité, relative au progrès humain puisque
tous les jugements se vaudraient, indépendamment de leur
pertinence.
- Les problèmes nés de l'effondrement du bloc de
l'Est qui confrontent à des nationalismes dont on ne sait
que faire, pris entre le respect de l'identité des peuples
et la peur paranoïaque de la différence.
Faut-il tout normaliser ou tout cloisonner ? Sans doute faudrait-il
voir les choses autrement.
Parmi les questions nouvelles à résoudre il y a
justement à penser le problème de l'unité
d'une entité politique constituée d'une diversité
de peuples autonomes. Le principe de subsidiarité ne résout
pas le fond du problème.
Il y a aussi à envisager ce que pourrait être un
progrès du politique qui ne serait pas arrêté
à des conceptions qui datent de quelques millénaires,
quelquefois.
La théorie des Cohérences Humaines amène
à envisager le problème du politique d'une nouvelle
manière.
Tout d'abord considérons qu'il s'agit au premier chef
de la question du rapport de l'homme politique à la communauté
où il a un rôle à jouer.
On pourrait y adjoindre aussi la question des structures et enjeux
du politique au niveau du "gouvernement des nations"
et enfin celle des "espaces" du politique, de leurs
rapports et des politiques locales.
Nous examinerons successivement ces trois aspects du point de
vue de la théorie des Cohérences Humaines
L'HOMME POLITIQUE ET LA COMMUNAUTE
Si nous nous référons aux quatre courants qui,
parmi d'autres, marquent la crise de sens actuelle, leur cohérence
humaine propre se traduit à chaque fois par une conception
de la société et du lien social, de l'homme politique
et de son rôle.
- Par exemple, la logique de possession fait du politique le
terrain de la question du pouvoir, pouvoir de possession, qui
se matérialise sur un territoire auquel se confond la
société dont le lien tient justement : et de l'appartenance
au territoire et du pouvoir qui noue ce lien même.
Le pouvoir politique se présente comme la condition d'existence
de la collectivité tant pour son unité que pour
la possession réciproque communauté - territoire.
Cela nous est tellement familier que personne ne s'étonne
de faire des élections une lutte de pouvoir alors que
cela n'appartient qu'à cette cohérence humaine
là.
- A l'inverse le politique est liée à l'organisation
de la cité. L'appareil d'Etat notamment, en tant que chose
publique (res-publica), fait l'objet de tous les soins du politique.
De même l'organisation formelle de la désignation
des représentants est-elle identifiable au jeu de la démocratie.
Le "Chef de l'Etat" n'est pas le "Chef du Peuple",
mais, l'Etat incarnant ce qui structure la société
et la régit, son représentant peut identifier service
de l'Etat et service public. C'est ici totalement différent
du service des personnes, ou du public, notions appartenant à
une autre cohérence humaine.
- La logique qui ne voit dans le fait de société
qu'une fonction de lois d'un système, réserve au
politique le seul rôle de régulateur du fonctionnement
ou bien de réparateur des dysfonctionnements. De là
certaines difficultés pour des partis politiques à
se positionner dans ce sens. Il est clair que dans ces derniers
cas, l'homme politique tient un rôle impersonnel et, il
faut bien le dire, se place face à une société
impersonnelle. De là une ambiguïté fondamentale
entre la "représentation" impersonnelle et l'autorité
personnelle de l'homme politique, entre la personnalité
"élue" et les idées représentées.
L'identification entre l'élection démocratique
et la lutte personnelle et partisane pour le pouvoir est le contre-sens
commun infligé aux nations modernes.
A la lumière de la théorie des Cohérences
Humaines (et on aimerait que se manifestent aussi clairement
d'autres lumières à ce propos), on peut dire que
:
- l'identification du politique à la prise de pouvoir
et son exercice n'est pas fatale, du moins lorsqu'il s'agit,
comme la plupart du temps, du pouvoir de possession dont l'un
des signes est la prétention omnisciente et omnipotente
signifiée par le leader politique,
- l'abstraction du caractère personnel du rapport entre
l'homme politique et la communauté au profit d'un jeu
de rapports formels est un leurre puisqu'elle masque l'essentiel
et le complexe de cette relation qui mériterait le plus
grand discernement au profit d'un jeu de scène dont les
complications cachent le simplisme : par exemple l'illusion d'une
parfaite conscience et maturité de jugement de l'électeur
où l'égalité de droit des positions et jugements
quelque soit leur contenu.
Il y a donc à repenser, refonder, une conception du politique
à la fois soucieuse du réel dans sa plénitude
et sans réductionisme idéaliste notamment, et sans
fatalisme cynique qui ne se nourrit que d'une vision perverse
de l'humain.
L'angélisme et le cynisme existent, ils ne doivent pas
être les seuls cohérences humaines à l'oeuvre.
L'apolitisme des visions "naturalistes" qui attribue
au "système", qu'il soit économique,
écologique, biologique, sociologique, psychologique, etc...
le statut de déterminant de l'humain (lois de la nature)
renvoie le rôle de l'homme politique à celui du
réparateur-régulateur servant du système.
Celui-ci devient source de toute justification et obstacle à
tout jugement personnel.
La théorie des Cohérences Humaines amène
à poser la question comme cela : La communauté
est liée par un consensus (partage des sens multiples
d'une problématique de la nature humaine). L'enjeu de
son devenir, sa vocation, est de trouver et cultiver le consensus
sur le "meilleur" sens. Tout cela est au niveau des
fondements et de la "fondation" de la communauté,
mais reste inconscient aux yeux des membres de la communauté.
La culture de celle-ci en témoigne cependant, notamment
au travers de signes : mythologie des origines, représentations
de l'histoire, identification à des valeurs supportées
par des oeuvres, des comportements, des projets...
Les hommes politiques constituent les repères, c'est-à-dire
l'incarnation renouvelée de la fondation (re-pères
fondateurs), d'où la dramaturgie complexe des questions
de successions ou de leur négation.
Cependant, la communauté les reconnaît comme repères
lorsque, par tout ce qu'ils sont et signifient par leur personne,
elle se reconnaît dans son meilleur. Le lien entre l'homme
politique et la communauté est un lien de consensus sur
l'un des sens (prédominant) de la cohérence culturelle
et de la problématique humaine de la communauté.
On peut dire par là que l'homme politique est "l'élu
du coeur" de la communauté, le coeur étant
justement ce fondement qui ne réside pas en un autre lieu
que l'Instance de chaque membre de la communauté, le coeur
de chaque sujet.
Cependant, chaque sens de la problématique fondatrice
est celui possible d'une élection pour le pire et le meilleur.
Il est aussi celui d'une cohérence humaine sous-tendant
une vision du politique se traduisant aussi dans des modalités
spécifiques justifiant l'élection.
De ce fait, les modalités et la conception du politique
ne sont pas neutres dans le type de consensus électif
établi et donc dans le type de personne élue et
le type de devenir engagé. La prétention à
la neutralité du système électoral sur l'élu
neutralise l'accès au réel de l'élection
de sens.
Une vision duelle, manichéenne, de la prise de pouvoir
installe dans ce sens tout le politique et l'y enferme.
Une vision "angélique" du politique déconnecte
le politique de la réalité des problèmes
de la communauté sauf à les idéaliser (ou
idéologiser). Se dessine là l'enjeu du politique,
c'est le devenir de la communauté et l'accomplissement
de sa vocation.
Dans l'hypothèse souhaitable d'un consensus sur ce meilleur
sens, l'élu est un repère symbolique révélateur
(médiatement). C'est par ce que signifie son discours
et singulièrement par l'intention qu'il manifeste pour
la communauté et son devenir, son développement
donc, qu'il peut trouver écho avec l'aspiration collective.
L'élection de l'homme politique est affaire de vouloir
et ce qui se réalise du consensus engagé ne l'est
que de la communauté qui seule en a le pouvoir.
Cette lecture qui renverse tant d'idées reçues
n'est-elle pas plus conforme à la vérité.
Que peut l'homme politique si son vouloir n'est pas assumé
par les autres. Inversement on pourrait se demander si le vouloir
de l'homme politique est indispensable à la communauté.
On peut l'affirmer dans la mesure où justement la communauté
n'est pas en parfaite maîtrise, ni en parfaite conscience
dans ses fondements et que c'est au signe que représente
l'homme politique qu'elle fait écho, inconscient en général,
au sens.
Comme cela l'homme politique est repère indispensable.
Notons cependant que s'il y a un homme politique de référence
dans une communauté, il n'est pas seul dans son cas, y
compris dans le même sens.
La grande affaire est donc une question de sens, c'est la question
du sens commun, consensus des collectivités humaines.
L'homme politique est en quelque sorte celui dont la position
de vie (sens) est justement celle que la communauté aspire
à tenir. S'il s'agit du sens de la vocation, il incarne
la résolution de la problématique de la communauté
et s'il s'agit d'autres sens, une tentative de résolution,
même des pires. Pensons aux nationalismes violents qui
entraînent des populations massivement et celles même
que l'on croyait "cultivées", sous la férule
d'un leader au charisme pervers, avec force manipulation de l'affect
archaïque mais qui incarne toujours une "promesse de
réponse au mal", qu'est "l'autre communauté",
en l'occurence.
Il en va dans le choix de l'homme politique et la nature des
rapports avec la communauté d'élection (fusse-t-elle
par forçage consenti et complaisance réciproque)
des fondements de l'humain et donc des plus graves implications,
encore une fois pour le pire et le meilleur mais où c'est
l'existence humaine née du collectif qui est en jeu.
Le politique, s'il se fonde à ce niveau de l'humain, se
situe à la clé du collectif au lieu même
de la vocation propre des communautés humaines dont les
consensus sont seuls fondements de notre réalité.
Le politique, même s'il s'inscrit dans la question du sens
(l'esprit) et y plonge ses racines, a pour enjeu celui de toute
communauté : la réalité et donc l'existence
humaine. C'est au passage ce qui la lie au "spirituel"
mais la voue au "temporel" c'est-à-dire à
l'espace-temps de la communauté, à son histoire.
Le lecteur qui aura consenti à envisager ces horizons
verra l'immensité de la tâche de relecture et reconception
du politique et ses problèmes tout en redécouvrant
un réel qui n'a cessé d'être là, même
masqué ou travesti. Toutes les questions sont à
reposer, le politique est à remettre en question. La crise
des sens l'interpelle et on peut prévoir de longues années,
pour le moins, à la fois d'errance, de régression,
d'émergences et d'innovations en la matière.
Le discernement (des sens ou des esprits) est plus que jamais
nécessaire. Est-il trop espérer que d'attendre
que s'y attellent les hommes politiques et, pour cela, tous ceux
qui peuvent les y aider.
STRUCTURES ET ENJEUX DU POLITIQUE
La communauté se réalise dans les différentes
expressions de sa culture. Elle est engagée dans sa vocation
comme entreprise de son développement.
Ainsi les structures et enjeux existentiels du politique sont-ils
inscrits dans un cohérenciel de la réalité
collective.
Il est possible d'examiner simultanément les composantes
de l'enjeu politique et les structures politiques tendant à
la maîtrise de ces enjeux, laissant de côté
provisoirement la question des âges et des espaces du politique.

STRUCTURE COHERENCIELLE DU POLITIQUE
Le schéma cohérenciel permet déjà
de retrouver les structures ternaires classiques qui se trouvent
ainsi refondées dans les racines anthropologiques des
réalités humaines. Cela n'est ici qu'effleuré.
Les conditions d'existence : Économie et administration
L'état des réalités collectives fait l'objet
d'une attention bienveillante du politique. Difficultés
et ressources, modalités d'existence sont l'enjeu d'une
ad-ministration (ministère = service) dont le souci des
choses publiques est (dans cette vision évidemment) le
principal intérêt. Administrer le budget de l'Etat
ou de la collectivité locale. Administrer les "services
publics" en sont des exemples. Nous parlerons aussi d'administration
de l'économie à condition de renverser le sens
habituel de ces termes; Mais ne s'agit-il pas ici d'un renversement
de sens de tout le politique ? En définitive, tous les
objets de préoccupation importants de la communauté,
selon sa culture et le sens de sa vocation, participent de l'économie
de l'existence collective et sont susceptible d'une administration
qui "gère" l'état des lieux. Y faudrait-il
un "conseil d'administration"? Cela serait à
étudier.
La réduction du politique à cette dimension de
gestion de la maison commune ou de la maison nation, fait, avec
l'Etat, régner la contingence tout en en ignorant les
racines ce qui aggrave la situation économique du pays
ou de la collectivité (tout État, ou bien, administration
et gestion surévaluée des collectivités)
Les usages et pratiques de la vie collective.
La subsistance de la collectivité et de ses membres passe
par une organisation, qu'elle soit de la production ou de l'aménagement
ou des tâches multiples d'entretien, de réalisations
matérielles mais aussi de toute nature.
Le politique n'a pas pour charge de se substituer à la
communauté. Il a pour fonction ici de réaliser
ce qui ne pourrait l'être autrement. C'est d'ailleurs ici
que le principe de subsidiarité trouve son intérêt
(mais le politique ne peut se réduire à l'exécutif).
L'exécutif est chargé d'exécuter et plus
précisément de réaliser par le travail de
différents "corps d'état"; organisation,
ordre des choses (édification et maintien de l'ordre font
partie de cette tâche).
Développement et gouvernement
Dans la conception "vectorielle", c'est-à-dire
engagée, des communautés humaines, le développement
est justement le dessin et la réalisation de la marche
en avant de la communauté. Mais il y faut une conduite
stratégique. Le développement, si on l'entend aussi
largement que ce que la théorie des Cohérences
Humaines suggère, est bien, comme on le voit de plus en
plus, une dimension majeure du politique.
Il ne s'agit pas seulement de gérer un état des
choses mais de conduire un devenir. Le "gouvernement"
peut être conçu comme ayant à assurer cette
conduite, une sorte d'encadrement et de pilotage stratégique.
Mais cette lecture fait le rapprochement, gouvernement-développement.
Que peut-on gouverner s'il n'y a pas de but politique ? Que peuvent
être ces buts s'ils ne sont pas de développement,
de progrès.
Si on examine de près ce qui tend à se passer au
niveau national, européen, celui des régions et
celui des communes, on aperçoit effectivement la croissance
de cette dimension sans qu'elle soit toujours bien explicitée.
Identification et représentativité
La communauté se reconnaît par ses signes et représentations,
mythes, oeuvres, philosophies. L'identité collective est
enjeu du politique et, dans la crise d'identité du monde
moderne, le politique est aux premières loges, côtoyant
intimement le monde des médias et de la communication.
Politique spectacle ou spéculatrice, jeu de la séduction
c'est-à-dire du détournement, ont été
tellement florissants que beaucoup ont du mal à imaginer
que le politique soit autre chose que cela. Néanmoins,
dans cette dimension il y est bien question de représentativité,
de représentants et des décisions représentatives
que sont les lois.
Il faut donc considérer qu'il y a là un jeu de
miroir entre le politique et la communauté où l'on
peut jouer à l'édification d'une représentation
collective cohérente et humainement qualifiante, authentique
et significative.
La manipulation du miroir-média est politiquement dommageable
pour la collectivité. Par contre un souci de maîtrise
de cette dimension est judicieux. La représentation de
la communauté est donc inhérente au politique mais
elle n'est qu'une de ses composantes.
Vocation politique et magistère
La vocation de la communauté traduit le meilleur sens
de son consensus, celui de la résolution de sa problématique
humaine. La dimension intentionnelle dit le sens, celui de l'origine
et des fins, de la raison d'être, des valeurs et des horizons.
Cette dimension du politique pose le sens d'une façon
plus directe mais aussi plus symbolique. L'homme politique y
fonde son magistère c'est à dire l'exercice de
son autorité, sa responsabilité qui doivent témoigner
d'une certaine maîtrise humaine. Il vaut mieux que l'homme
politique incarne le Sens par effet de maîtrise plutôt
que par rigidité pathologique. Il y faut d'autant plus
de maîtrise que l'illusion du pouvoir est proche, avec
la corruption du rôle, et que l'investissement de la communauté
dans ce que l'homme politique incarne l'expose personnellement
à toutes les tendances de la culture commune. C'est pour
cela que c'est un rôle d'une terrible exigence qui demande
discernement, détermination et grand courage.
Intégration communautaire, régulation et justice
Le consensus, le tissage des liens de la communauté autour
d'un sens prédominant se traduit par un ordre des valeurs
culturelles. Il en va de l'intégration sociale ou sa désintégration
mais aussi de l'exercice politique régulateur de la justice.
Si la justice a quelque chose à voir avec le juste et
l'injuste, alors c'est le sens du consensus collectif fondant
le système de valeurs communes qui est pris comme critère
du juste et la déviance par rapport à ce sens qui
est injuste pour la communauté. De ce fait la justice
est relative culturellement, mais aussi elle peut être
profondément injuste par rapport au bien de l'homme et
à la vocation de la communauté si elle n'y est
pas engagée.
Si au niveau de l'essentiel, de l'esprit, c'est le sens du consensus
qui est critère de justice, c'est la loi représentative
qui est la lettre de référence. Tout le jeu des
rapports de l'esprit et de la lettre de la loi mais aussi du
juste et de l'injuste dans la communauté, lié à
son éthique donc, est le témoin de la justice.
Comme le politique est justement affaire de sens il surplombe
la justice dans l'existence de la communauté. Par ailleurs
le même sens est lien social clé de l'intégration
de la communauté (ensemble dans la même direction)
et lieu des problèmes de désintégration
ou de déviance jugés comme délinquance.
Ici on peut dire que les actes et faits incriminés le
sont par la déviance de sens par rapport au consensus.
Des remous profonds agitent et agiteront le terrain de la justice
là où il y a crise de sens donc du critère
du juste et de l'injuste.
La prolifération des lois, signe de trouble, tente de
substituer l'abondance de la lettre au défaut de sens
(d'esprit).
Un mélange entre justice, intégration sociale,
politique, rapports à l'étranger est de plus en
plus vif et il faut s'attendre à une aggravation majeure
des problèmes du politique avec la justice tant qu'une
issue à la crise des sens ne sera pas engagée et
que le politique n'aura pas retrouvé une nouvelle autorité.
LES ESPACES DU POLITIQUE
Après le sens et les structures du politique la question
des espaces du politique est aussi à l'ordre du jour.
De quoi s'agit-t-il ? Il s'agit en France de la question de la
nation et son lien avec l'Etat, de la question des communes et
de l'intercommunalité, de la question des départements
et leur pérennité, de la question des régions
et de leur nombre et de la question de l'Europe et des relations
des "espaces" précédents avec elle. Il
s'agit aussi des cités, des pôles d'attraction,
des" bassins" multiples etc...
D'une façon générale l'Europe, les pays
d'Europe Centrale, les pays de l'Ex Union Soviétique,
le Moyen-Orient, notamment, posent très fortement la question
des rapports entre communauté (ethnique ou autre), territoire,
État.
La superposition des trois dans l'Etat-nation, identifié
au territoire, a été une réponse dont on
sent qu'elle n'est plus suffisante.
Par ailleurs, le problème de l'articulation de l'unité
et de la multiplicité est posé trop uniquement
en termes de prérogatives et donc de défense de
territoire (cf. Culture européenne). Une vision plus moderne
cherche au contraire à effacer toute hiérarchie
entre l'un et le multiple dans le tissage de réseaux où
tout est au même niveau (idéalement).
La théorie des Cohérences Humaines propose un nouvel
éclairage des espaces du politique à partir de
la structure cohérencielle des réalités
humaines et aussi celle des âges des sociétés
humaines.
La notion d'espace n'est pas simple et celle d'espace politique
non plus lorsqu'il s'agit de définir l'unité d'une
population.
On laissera de côté les extrêmes, d'un côté
l'espace archaïque du confusionnel, fait d'un lien mythique
mystificateur (la race pure par exemple ou l'appartenance à
des puissances occultes), de l'autre côté ce qui
dépasse les phases de développement existentiel
(communion des saints dans le christianisme par exemple et la
dimension transcendante des églises ou des communautés
spirituelles).
Il reste donc trois types d'espaces existentiel complémentaires
auxquels la notion d'espace du politique peut se référer.
L'espace factuel de l'âge primaire,
C'est principalement un espace physique où la corporéïté
et les interactions corporelles forment un espace quasi substantiel.
Incorporation, corporation, font parties d'un vocabulaire qui
y est particulièrement valide. L'espace du politique c'est
ici par excellence le territoire où se trouvent rassemblés
les corps. Les questions sont liés à cela : subsistance,
rapports au territoire et entre territoires, rituels et pratiques
reproductrices, agglomérations, occupation de l'espace.
Pouvoir et savoir-faire sont les préoccupations du politique.
L'homme politique y est plutôt chef de corps, ordonnateur
mais aussi garant de l'unité et de la cohésion
du territoire, du maintien de l'ordre.
Les rapports entre les espaces du politique sont des rapports
de territoires et de corps sociaux : coopération ou rivalité,
agglomération ou cloisonnement, supériorité
ou infériorité etc...
On voit bien que toute une philosophie du politique est toujours
inscrite dans les faits et la réduction au territoire
toujours présente.
On peut se demander si l'aménagement du territoire n'est
pas alors un de ses actes politiques majeurs.
L'espace social ou espace des représentations (âge
secondaire).
La cité, dès qu'elle se définit par un statut,
des règles de droit, une distribution des rôles
sociaux, devient un espace de représentation. C'est l'espace
des signes, des identifications.
L'espace du politique est, par exemple, celui d'une constitution,
le champ d'application d'une loi, celui d'une juridiction, ou
bien celui d'une pensée, d'une philosophie, bref de toute
représentation commune à laquelle un groupe humain
s'identifie et qu'il produit et reconnaît simultanément.
L'espace du politique est donc alors conventionnel, d'une convention
entre les membres d'une communauté mais aussi inscrite
dans un champ de représentation plus vaste. Dans cet espace,
le discours républicain est en grande partie fondé
et fondateur, la citoyenneté est question de droit.
Le rapport entre les espaces de représentation est un
rapport de rationalité, un rapport de cohérence
au sens de la participation harmonieuse, rationnelle, à
un même ensemble de représentations. De ce fait
certains confondront espace idéologique et territoire,
ils feront de leur communauté un ghetto.
Il y a une grande souplesse d'arrangement des rapports entre
ces espaces du politique autant que de conventions possibles
entre eux formant autant d'espaces plus larges mais aussi autant
de croisements entre ces espaces.
L'homme politique s'y définit évidemment par sa
représentativité et le souci d'identité
et d'image peut prendre le pas sur celui de re-présentation
authentique et de participation différenciée à
une identité commune.
L'espace de la communauté ou espace de l'engagement commun
(âge tertiaire)
Ni le territoire, ni les conventions (collectives) ne suffisent
à le déterminer. C'est plutôt un foyer de
rayonnement, un lieu d'où source un engagement qui le
détermine.
Ainsi telle cité dont le rayonnement est très vaste,
de par ses oeuvres, s'inscrit dans un territoire qui déborde
ses frontières et peut traverser plusieurs champs de représentation
culturels.
Le rapport entre les espaces des communautés est celui,
fort difficile, du rapport entre les hommes, du même et
de l'autre, le rapport de la différence entre les semblables.
La théorie des Cohérences Humaines montre la profondeur
humaine de la question et des voies de résolution : rapports
inter-culturels notamment (qui touche aussi subtilement au rapport
des sexes) et aussi rapports de concourance de par l'engagement
des vocations propres, soit réciproquement soit dans une
unité communautaire plus essentielle.
Ainsi le problème des espaces du politique ne peut pas
se traiter simultanément à tous les niveaux comme
s'il était le même : celui du territoire commun,
celui des représentations communes, celui de la communauté
de sens, sans qu'ils soient exclusifs non plus.
L'espace politique français est aussi celui ou s'engage
une communauté de vocation nationale bien au-delà
des frontières, un espace de représentation avec
l'identité nationale, avec tout le théâtre
de ses représentations, un espace territorial aux frontières
qui ont évolué dans l'histoire. Il est ainsi possible
de relativiser ces espaces et l'importance de l'un ou de l'autre
selon le niveau de maturité politique.
C'est toujours la confusion des niveaux et de la nature des espaces
qui est source de problèmes et leur différenciation
qui ouvre le champ des possibles.
Avec ces facettes du politique la théorie des Cohérences
Humaines ouvre a une refondation de la pensée du politique
mais aussi de l'action, en même temps qu'elle conjoint
la question du politique et celle du collectif humain, le devenir
des communauté humaines et leurs entreprises.
Sans confondre les registres elle montre l'unité anthropologique
de tous les phénomènes humains et la transdisciplinarité
de ses concepts théoriques. Il en est de même pour
la pratique des cohérences humaines abordée au
prochain chapitre.
SOMMAIRE
SUITE