SENS ET COHERENCES HUMAINES
L'HUMANISME METHODOLOGIQUE
©Roger NIFLE

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LA CRISE DES TELECOM
LA GRANDE MYSTIFICATION

Devant les déboires de quelques grandes puissances, Vivendi, Alcatel, France Télécom (et bien d'autres ailleurs) nombreux sont les messieurs Homais qui en concluent "Internet c'est fini", ce n'était qu'une illusion. Cela leur permettra de tirer gloire du "retard français" encore dénoncé par le ministère de l'Industrie tout particulièrement en ce qui concerne les PME et l'utilisation de sites Web.

Or ce qui commence seulement à s'effondrer, c'est un premier pan de la grande mystification. En effet comment expliquer le rapport entre la chute de la "bulle spéculative", start-up et grandes puissances, et la continuelle montée en puissance des usages d'Internet et du nombre d'usagers dans le monde?

Tout simplement parce que le Sens du phénomène de développement d'Internet et celui du système de croyance présidant au gonflement de la bulle sont divergents.

La "volonté de puissance" qui a seule guidé les investissements colossaux s'est appuyée sur un modèle interprétatif du phénomène Internet totalement faux, la puissance tenant lieu de critère de vérité.

Non Internet n'est pas essentiellement un media, un tuyau équipé d'un compteur par lequel on peut distribuer des contenus au sein des foyers, des entreprises et même partout grâce aux mobiles.

Le mythe des contenus qui appartient à cette seule logique s'appuie sur deux principes:
- Captation et appropriation des sources (ex. AOL-Time Warner, Vivendi, etc...).
- Captation de clientèle,

C'est ce qui a conduit à valoriser ces deux activités de façon délirante et qui a gonflé les dettes des grands groupes.

Internet c'est un nouveau champ relationnel permettant d'établir de nouvelles "relations de proximité à distance", relations familiales, amicales, sociales, professionnelles, éducatives, etc.

Les organisations de travail, de vie collective, de vie personnelle en seront toutes bouleversées et la question de l'animation et la constitution de communautés de Sens (de projet, d'affinité, d'intérêt) est la grande affaire du futur qui révèle le Sens de la mutation de civilisation que le phénomène Internet incarne.

Première mystification la distribution des contenus: une source - beaucoup de consommateurs alors qu'Internet c'est beaucoup de sources, beaucoup de participants aux échanges, émetteurs et récepteurs.

Il existe des millions de sites Web "personnels", même en France, qui s'en préoccupe? Ce n'est pas dans le schéma contenu-contenant qui obnubile les volontés de puissance.

Ne parlons pas des autres manifestations de cette logique inadéquate, bien impuissante à changer le Sens de l'histoire, aveugle à ce qui n'est pas ses interprétations opportunistes: logique de monopole, pratiques anticoncurrentielles hors la loi, élimination d'innovations prometteuses par rachat...

Une deuxième erreur est celle qui consiste à expliquer que l'ordinateur c'est bien trop compliqué pour le consommateur lamda. Les abonnés à Internet ne doivent pas le savoir qui s'équipent à tour de bras et équipent même les enfants des écoles.

Or la télévision, scène de théâtre ou écran de cinéma en appelle à un consommateur spectateur passif dont on vante la seule liberté, celle de zapper.

L'ordinateur c'est un "poste de commande" ce qui est symboliquement cohérent avec le mouvement du monde qu'incarne Internet, un espace d'autonomie et d'initiatives (pour le meilleur et pour le pire). Bien sûr la perspective du pire tant stigmatisée par les media et les organismes de contrôle en tous genres sert à condamner par avance celle du meilleur et même à l'ignorer.

Tous les projets centrés sur les techniques "push", envoi automatique d'information ou de "contenus" ont échoué et malgré les prophéties intéressées, Internet par la télévision ça n'a jamais marché dans le public. On continue à croire que la passivité consommatrice est le seul horizon pour l'humanité et surtout pour les calculs spéculatifs.
Venons en au thème qui rassemble tous les contempteurs de la grande mystification, c'est-à-dire l'UMTS.

Que ne dit-on pas sur sa responsabilité dans la crise, sur le fait que les terminaux ne sont pas au point, que le modèle économique n'est pas sûr, que des investissements colossaux sont à réaliser, que les ponctions des différents gouvernements ont été meurtrières, etc.

Je vous livre une autre interprétation.

La grande mystification voulait que grâce au robinet mobile UMTS équipé des capteurs appropriés (où "poste de commandes" prend un sens différent du précédent) on allait pouvoir distribuer des contenus ou des services (de distribution de contenus, toujours) qui ,eux ,seraient la véritable poule aux oeufs d'or.

L'effondrement du mythe des contenus se répercute sur les tuyaux et sur les robinets compteurs et donc le système UMTS.

Or le système UMTS dans la logique de la mutation de civilisation et du développement d'Internet c'est bien autre chose.

C'est la possibilité de connecter un ordinateur (ou équivalent) à Internet de n'importe quel lieu, partout où l'on se trouve, à haut débit, émission et réception.

Cela veut dire que les moyens de relation acquièrent la souplesse et la performance qui permettent d'accomplir les promesses d'Internet. Imode, MMS, WAP n'en sont que des versions dégradées.

La possibilité d'enrichissement audio visuel des échanges relationnels est ouverte à tous. Il n'y a plus d'obstacle à ce que des systèmes relationnels interpersonnels, sociaux, professionnels, citoyens, se développement, limités qu'ils sont par les performances actuelles et la fixité des ordinateurs de commande et de navigation.
Cette autonomisation de tous est bien sûr contraire aux logiques captatrices qui réclament des consommateurs passifs et ficelés et, surtout, non seulement elle disqualifie le fantasme des contenus mais, pire, elle met en péril la vache à lait des communications téléphoniques et même télévisuelles. La catastrophe intégrale.

Si le bien commun et la volonté de puissance se trouvent en radicale divergence, c'est bien là. Quand ce sont des entreprises publiques qui se fourvoient jusqu'à en faire payer un prix exhorbitant au pays alors là il est temps de s'interroger sur bien des processus de décisions en commençant par l'organisation consensuelle de telles mystifications.

Mais au fond cela fait partie des "résistances au changement" qu'une société organise lorsqu'un "dépassement" est en question et déstabilise par définition les positions acquises.

Cela n'est qu'un début, A suivre...

Pour mieux comprendre le phénomène Internet et la mutation:

http:www.coherences.com/TEXTES/DOCUMENT/usainet.html

Roger Nifle Septembre 2002

Paru dans la lettre hebdomadaire internet actu du 10 Octobre 2002


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