SENS ET COHERENCES HUMAINES
©Roger NIFLE

Panneau d'information - Accueil du site - Télécharger le texte au format PDF - Adobe® Acrobat® Reader™


POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE ET APPROPRIE

ANALYSES ET PROPOSITIONS POUR L'ACTION


Roger NIFLE
Décembre 1998

Le thème du développement durable est de plus en plus répandu dans les références des politiques publiques de développement, d'aménagement ou de prévention.

Cependant on ne peut que constater l'écart entre un certain succès verbal et la difficulté d'aboutir à des réalisations effectives autres que formelles (chartes, déclarations, etc...).

Il y là à nouveau un véritable problème d'appropriation sur le terrain, une épreuve de réalité.

Cette situation mérite une analyse pour la comprendre qui mènera à une proposition opérationnelle.

En effet une série de confusions rendent le concept inexploitable. Sans retrouver un Sens et une cohérence de fond qui articule théorie et pratique le clivage entre le discours et la pratique persistera.

I - L'ANALYSE

Un constat est quelques fois fait, c'est celui de l'opposition ou de l'ambiguïté entre une interprétation du développement durable comme projet de société ou comme strict projet environnemental.

Il y a là en effet un symptôme dont il faut explorer les sources pour trouver les clés d'une résolution du problème.

Sont face à face deux conceptions erronées.

La première conçoit une société indépendante de son environnement terrestre. Celui-ci n'est rien d'autre que ressources à exploiter et d'ailleurs à évaluer dans les termes d'une économie qui cherche à faire rentrer en comptabilité matières premières, énergie, espaces et pourquoi pas l'eau, l'air et les paysages.

L'exemple de ce type de conception, c'est l'économisme qui conçoit une société d'exploitation généralisée sans interrogation sur le Sens de cette exploitation.

Les excès des logiques industrielles sont bien connus avec leur cortège de pollution, de gaspillage, d'épuisement de la ressource et leurs raisonnements à court terme.

Il n'est pas besoin de rappeler comment de l'exploitation sans discernement des ressources naturelles on passe à l'exploitation du "capital humain" devenu variable de régulation des systèmes économiques.

La seconde conception considère que la terre est porteuse de valeurs, d'exigences sinon d'état d'âmes, indépendamment de tout jugement humain, de toute appréciation subjective, de toute évaluation culturelle. Dès lors l'environnement devient en soi une valeur, indépendamment de tout usage, de tous enjeux humains et "l'état de nature" un idéal à défendre contre toute emprise humaine.

La contradiction interne radicale de cette thèse n'apparaît pas aux hommes qui la tiennent et en défendent les certitudes.

Le développement durable est le lieu d'une tentative de synthèse entre les deux conceptions mais qui ne semble déboucher que sur un amalgame. Pire, elle se traduit par une sorte de schizophrénie où les deux thèses sont simultanément en présence et entrent en collision dès que l'on veut l'appliquer sur le terrain.

Comment faire entrer dans les calculs économiques classiques des facteurs environnementaux qui relèvent d'une conception qui récuse ce type de calcul?

Comment demander aux hommes de s'approprier des politiques qui les placent en situation perpétuelle d'accusés?

Rio et les conférences qui ont suivi sont le théâtre de cette division masquée. Derrière l'unanimité apparente (tout le monde est d'accord sur le développement durable), c'est un véritable dialogue de sourd.

Pour les uns, il s'agit d'un problème de gestion accessoire et ils y mettent toute leur habilité (on va marchander des droits à polluer).

Pour les autres, il s'agit en réalité d'un combat planétaire contre les emprises humaines (on parle aussi de la "pression anthropique").

Dès lors ces thématiques font l'objet de toutes les récupérations possibles :

 D'un côté c'est la gestion marchande. Les techniques du marketing et de la communication font de certaines puissances industrielles les meilleurs défenseurs de l'environnement (contre qui ?).

Quelques technocrates, un temps accusés de ne rêver que de grand travaux, y trouvent parfois de nouveaux moyens de contrôle et d'emprise sur les territoires et surtout sur le pouvoir politique local.

Des tenants d'une renaturation radicale tentent de défaire ce que les générations antérieures ont réalisé au nom de la civilisation.

Les médias exploitent les sensibilités et en font un jeu d'émotions et de fantasmes.

Au total et sauf exeption rien ne marche bien lorsque le développement durable devient un objectif pratique et il semble devenir inapproprié dans l'action sur le terrain.

A ce constat une réponse est apportée par les travaux de l'Institut Cohérences tant sur le plan théorique que méthodologique;

Il y a là des problèmes de Sens, aussi bien sur le plan sémantique que sur celui des finalités et celui encore des logiques d'action. Cela retentit directement sur la compréhension du concept et sur la cohérence des démarches dont l'échec est la sanction révélatrice.

Et pourtant le développement durable ne peut pas rester un exercice verbal dans les déclarations publiques et les discours savants. La coupure entre les deux versions dominantes se traduit pas une autre coupure entre le discours et les réalisations. Les enjeux sont trop importants pour n'y voir qu'une cause mineure.

Ce qui apparaît, au fond, c'est que se pose aujourd'hui au travers de cela une question fondamentale qu'on laisse de côté ou du moins les thèses simplistes des extrémismes.

Un renouvellement de la question permet d'éclairer en tout cas le problème ici posé. On se contentera d'en donner un éclairage suffisant, permettant de comprendre et de résoudre le problème d'appropriation du développement durable.

Sur le fond ce qui est en jeu, c'est le rapport de l'homme et de la réalité dans laquelle il est plongé. Il peut se reformuler en posant la question philosophique du rapport entre la nature humaine et la nature des choses . La réponse que l'on doit ici considérer c'est que ce rapport est très précisément la culture .

Dans la première thèse la culture se définit par opposition à la nature comme un arrachement qui en vient d'ailleurs à s'abimer dans l'esthétisme de la représentation.

Dans la seconde thèse la culture humaine s'oppose à la nature là aussi en tant qu'elle l'exploite et la dégrade.

Or ici au contraire la culture est plutôt un accomplissement conjugué de la nature humaine et la nature des choses.

La culture c'est le produit du croisement entre :

- les intentions et les aspirations humaines,

- les conditions environnantes.

C'est donc un troisième terme, une résultante.

Si maintenant on met en perspective la culture d'une communauté locale alors on arrive au développement.

Le développement c'est toujours l'actualisation et l'accomplissement d'une culture. C'est la résultante, projetée dans l'avenir, du croisement entre les intentions et aspirations humaines et les conditions du milieu.

Il est clair que ces deux variables ne sont pas indépendantes et que leur résultante, par surcroît, a une incidence rétroactive sur elles.

Nous voyons ici que le premier problème qui était en fait à éclaircir était celui du développement et de son rapport à la culture de la communauté locale ou de la cité. Il faut souligner que le thème du développement durable vient reposer sur une confusion générale à propos du concept de développement, les modèles des dernières décennies ayant tous plus ou moins failli. On le voit dans les pays dits "en voie de développement" ou dans les régions en difficulté.

Cette conception du développement réconcilie respect de l'environnement et respect de l'homme ce qui est un chapitre qui mériterait aussi d'autres développements (cf. Les travaux théoriques de l'Institut Cohérences avec la théorie des Sens et des Cohérences Humaines).

Elle pose ainsi le développement comme déploiement, actualisation, accomplissement d'une culture, ce dont on verra les conséquences pratiques et méthodologiques.

Maintenant vient un autre problème, c'est le Sens que donne au développement le qualificatif de durable. On a vu certaines significations parasites qu'il peut prendre ce qui rend d'autant plus exigeant l'effort sémantique dont les conséquences sont aussi bien en termes de finalités et de valeurs qu'en termes de logiques d'action.

Les cultures humaines sont aussi flexibles que les intentions des hommes et leurs mobiles aussi.

Il ne suffit pas de refonder le développement sur la culture encore faut-il y faire le choix d'un Sens, d'une direction, d'une orientation qui soit bénéfique.

Or comme le montre la théorie des Cohérences Culturelles chaque culture porte en elle un "meilleur Sens", c'est celui par lequel elle accomplit sa vocation singulière, liée à la singularité de son histoire (récente ou ancienne) et de son milieu (proche ou distant).

Lorsque le développement vise un bien commun "inscrit dans la durée" alors le développement durable trouve son Sens.

Il y a une étroite corrélation entre le Sens général du développement durable et le Sens de la vocation culturelle originale de chaque communauté locale ou territoriale .

C'est comme cela que le développement durable devient approprié.

En effet,

- il exprime un Sens propre de la communauté locale, c'est celui de sa vocation culturelle propre,

- il traduit la visée d'un bien commun dans la durée qui implique par construction:

- persévérance de l'intention
- préservation des conditions

non pas dans une immobilité figée ou un repli frileux mais dans une dynamique de progrès et de développement qui accomplit la culture et l'identité collective.

C'est comme cela que le développement durable est approprié:

Approprié à la culture, au milieu, à la communauté locale,

Approprié par la communauté et ses représentants qui s'y retrouvent profondément et de façon mobilisatrice.

Voilà donc, dans l'analyse conceptuelle et sémantique, les clés de l'action et la compréhension en retour des causes d'échec dues à des interprétations erronées ou insuffisamment claires.

L'ancrage du développement dans la culture puis son orientation dans le Sens de la vocation culturelle de la communauté locale sont la clé de l'appropriation du développement durable et constituent l'axe de cohérence de toutes les actions qui y contribuent.

Il faut maintenant passer au deuxième chapitre, celui de l'action et de la méthodologie qui apportera encore d'autres éclairages sur la nature et la culture du développement durable, ouvrant par ailleurs à un vaste champ de problématiques et de solutions qui dépassent le présent article.

II - LA PROPOSITION POUR L'ACTION

Elle consiste d'abord en une définition opérationnelle dont le déploiement méthodologique donnera le contenu pratique.

Elle s'inscrit par ailleurs dans le cadre des propositions pour la mise en oeuvre des politiques publiques et leur appropriation et des projets qui en découlent (la prise en compte des Cohérences Humaines et la mise en oeuvre de l'ingénierie humaine).

Mettre en oeuvre un développement durable approprié, c'est créer une dynamique (culturelle) d'appropriation active orientée dans le Sens d'un bien commun durable.

Il faut noter tout de suite qu'il s'agit de mettre en oeuvre un processus qui deviendra autoporté (appropriation active) et non pas de formaliser une procédure, un discours, ni mettre en système des données environnementales. Il y a là une erreur décisive pour l'action.

Dans le second cas, on ne peut espérer au mieux qu'une appropriation passive et, le plus souvent, indifférence, refus ou même simulacre d'adhésion. Il suffit d'observer authentiquement ce qui se passe sur le terrain pour en voir la traduction massive.

Il faut aussi soulever ici un point décisif. L'appropriation active suppose que les responsables et les populations locales s'approprient effectivement la charge de la connaissance des problèmes, des prises de position et de l'engagement persévérant dans l'action et ce à la mesure des capacités de conscience et de maîtrise des acteurs.

Or les approches précédentes se trouvent placées devant cette contradiction prôner la plus large participation démocratique et en venir à la coercition réglementaire, aux pressions économiques, à la menace des sanctions pénales et même à l'attente d'effets magiques d'une communication habile.

Un processus d'appropriation doit résoudre ce paradoxe d'une volonté déterminée et efficace des initiateurs et pilotes qui va vers un retrait pour permettre la montée en puissance de la responsabilité et l'initiative des acteurs locaux.

On comprend que tout forçage va à l'encontre de l'appropriation et que ces méthodes sont vaines... dans la durée !

C'est là que l'on trouve un des aspects décisifs de cette approche qui est le type de pilotage approprié et que le terme de "gouvernance" cher à Christian Brodhag à juste titre, permet de recouvrir.

L'originalité profonde par rapport aux pratiques habituelles mérite bien un tel néologisme (et d'autres encore).

Le débat sémantique est là aussi décisif. Il en va radicalement de la réussite ou de l'échec puisque c'est le Sens même de l'action qui est en jeu.

Il faut souligner maintenant le fait que l'auteur de toute action est humain, individu et collectivité et que c'est donc le processus humain d'appropriation sur lequel il faut travailler plus que sur le contenu du développement durable qui sera plutôt le fait de ceux qui se le seront approprié. Or on est là aussi à l'inverse de ce qui se fait trop souvent et qui revient à imposer analyses et solutions que personne ne peux ensuite s'approprier.

La compétence requise pour la maîtrise d'oeuvre des projets de développement durable approprié est une compétence de construction et de conduite de processus humain, dans le cadre duquel seulement les travaux techniques prendront place au fur et à mesure des besoins d'appropriation.

Cela revient à définir des métiers d'ingénierie humaine qui manquent cruellement et à en promouvoir et transmettre les compétences (cf. Ecole).

Enfin la méthodologie qui est ici proposée est transposable à toute politique publique, prévention des risques, gestion des eaux, aménagement, politiques sociales, etc.).

Dès lors il suffit qu'elle soit ancrée dans la vocation culturelle de la communauté locale pour qu'elle concoure ipso facto au développement durable. C'est là un point majeur à considérer puisqu'il touche aux trois critères de l'évaluation de toute politique publique.

- Le critère de pertinence : Est-ce que cela va dans le bon Sens ? (approprié à la vocation locale),

- Le critère de cohérence : Est-ce que tout concoure au même but ? (différentes politiques et projets)

- Le critère de performance qui correspond à la mesure même de ce concours.

LA METHODOLOGIE DU DEVELOPPEMENT DURABLE APPROPRIE

Les préalables

Il faut toujours considérer qu'un tel projet intervient dans une situation et dans une histoire qu'il faut connaître et pour cela il faut repérer quelle est la communauté concernée et quels sont les relais "autorisés" qui vont y donner accès (les représentants politiques en principe). Au niveau de ces préalables toutes sortes de cas de figure peuvent être envisagés et c'est là que des actions publiques peuvent avoir un effet propédeutique intéressant qui facilite ces préparations.

1) L'analyse des racines culturelles

Sur ce point les travaux de l'Institut Cohérences sont décisifs offrant des outils opérationnels d'analyse en profondeur des cohérences culturelles locales. Selon le cas, on peut même mener des analyses très rapides mais suffisantes ou alors aller plus à fond dans la compréhension profonde des cohérences culturelles en se servant de l'analyse comme d'une occasion de mobilisation identificatoire.

Ce type d'analyse permet de comprendre de façon explicative (plus que descriptive) la logique des rapports à l'environnement, les valeurs de référence, les logiques d'interprétation du réel, les projections d'ambitions, les stratégies de l'action, les processus de décision, etc... On dispose alors d'un système explicatif d'une très grande force et dont la pluralité des Sens permet de comprendre aussi les contradictions et la diversité des possibles.

Elle permet aussi de dégager le(s) Sens derrière les formes et donc de discerner les constantes et les permanences au-delà des variations historiques ou conjoncturelles. On a donc là les racines à partir desquelles on pourra "projeter" diverses ambitions de réalisation.

Ce type d'études est donc aussi un préalable à toute intervention ou communication ce qui fait qu'elles devront être souvent prudentes ne sachant pas à l'avance dans quel Sens (le meilleur) agir.

2) S'orienter dans le sens de la vocation culturelle de la communauté locale

Il s'agit là de repérer et de comprendre et d'apprendre à connaître le Sens culturel de la Vocation de la communauté locale dans son milieu tel qu'on l'a définit précédemment.

Il faut, à ce stade, faire quelques observations sur cette élucidation et son intérêt pour la suite.

La vocation s'exprime d'abord par un Sens qui peut prendre des formes très variées au fil de l'histoire et qu'on ne peut donc figer dans une forme quelconque.

Par contre, c'est en la "projetant" dans un contexte actuel et prospectif que l'on pourra élaborer des projets de développement, durables et appropriés.

Le Sens élucidé en constituera l'axe de cohérence. En outre, il se traduira aussi en une certaine logique culturelle de l'action sur laquelle on va bâtir une stratégie de conduite du processus d'appropriation, lui-même non standard, car propre à la culture du milieu (la méthode n'est pas une procédure mais un guide pour l'aventure).

Le Sens culturel de la vocation est à déployer selon tous les plans de l'existence collective ce qui fait que toutes ses facettes sont impliquées dans le développement durable et il servira donc de principe de cohérence à de multiples actions.

Le Sens est encore évidemment ce qui relie, comme dans la marche, un pas au suivant et au but final, c'est-à-dire qu'il relie court, moyen et long terme.

En tant que Sens d'une Vocation il est aussi celui par lequel s'expriment les meilleurs potentiels, talents, compétences collectives et, en définitive, qualifications de la communauté. Cela constitue une dimension de son originalité et la source des meilleurs services qu'elle peut se rendre ainsi qu'aux communautés environnantes.

De ce fait l'identification à cette vocation est en général très gratifiante et c'est le principal vecteur de maturation collective. En effet, pour qu'il y ait appropriation active il faut qu'il y ait une motivation collective d'engagement forte qui ne peut s'appuyer que sur une projection identificatoire gratifiante.

Il faut remarquer qu'il y a là une clé de la durabilité, en effet les mobilisations résultant de la crainte ou de la menace s'épuisent avec le gain de sécurité et ne sont donc pas durable.

C'est ce qu'ont malheureusement compris bien des dictateurs et qu'il faudrait expliquer chaque fois que les tentatives de menace, pression et contraintes apparaissent pour arriver à ses fins. (En dehors bien sur de certaines situations exeptionnelles inscrites dans une stratégie pédagogique d'appropriation).

La connaissance de la vocation culturelle propre de la communauté locale donnera ainsi aux initiateurs et responsables les bases pour concevoir la stratégie ad hoc d'appropriation active pour l'élaboration et la mise en oeuvre d'un projet de développement durable ou de tout projet qui y concoure.

3) Concevoir un processus d'appropriation active collective du projet

L'appropriation active ne doit pas être conçue comme intervenant après que le projet ait été défini mais avant.

Plus précisément le projet s'élaborera de façon appropriée pendant le processus. Le but du processus n'est pas simplement l'élaboration d'un projet ni même la seule prise en charge du projet mais il est aussi l'initialisation d'une dynamique de développement durable qui continuera durablement une fois le processus terminé en s'incarnant dans toutes les formes appropriées.

A noter là que l'élaboration d'un projet n'est pas à considérer comme consistant à dresser un plan bon à exécuter mais comme la médiation d'une mobilisation et le guide d'une réalisation dont les formes réelles seront souvent imprévisibles.

On est loin des réflexes planificateurs et programatiques sauf à s'en référer aux meilleures réflexions de certaines époques.

Si chaque scénario stratégique d'appropriation active est original, s'inscrivant dans la logique vocationnelle de la collectivité, il n'en répond pas moins à quelques principes généraux.

- Le principe de maturation et de génération

Sous la condition qu'il soit conduit de façon stratégique, le processus est à la fois une progression dans la conscience et la maîtrise jusqu'à sa conclusion auto suffisante dans l'action et à la fois une progression dans la génération de l'action appropriée qui passe par une phase de connaissance, d'engagement et d'action.

L'importance et le rôle du pilotage extérieur décroît, lui, au fur et à mesure jusqu'à ce qu'il soit totalement approprié par ceux qui en ont la charge dans la communauté.

C'est au cours du processus d'appropriation de la connaissance que des études techniques seront opportunes en réponse au souci de connaître plutôt que d'amener un savoir tout fait en réponse à des questions qui ne sont pas posées.

Il en va de même au niveau de l'engagement et des décisions qui ne peuvent suivre des procédures standards sans que les intéressés soient dépossédés de leurs cheminements culturellement efficaces.

Encore plus au niveau des solutions qui, pour être appropriées, doivent être leurs. Les solutions de développement durable seront les siennes pour la communauté si elle a fait siens les problèmes et les aspirations qui s'y rapportent.

On observera ici qu'il y a une grande différence entre le processus d'appropriation active défini ici et les pratiques participatives classiques, très décevantes après avoir soulevé des enthousiasmes. Il y a deux raisons à cela. Elles ne sont pas supportées par une source de motivation puissante et durable qui est la Vocation collective avec les modalités particulières qui l'expriment. Elles n'arrivent pas à articuler travail en profondeur (analytique, décisionnel ou de conception de solutions) avec la spontanéité nécessaire de participations informelles ce qui conduit soit à un simulacre de participation soit à un spontanéisme stérile producteur de lieux communs.

Il y à là aussi un problème qui doit être résolu à ce propos. C'est celui du rapport entre une logique top-down et une logique bottom-up qui loin d'être opposées doivent être conjuguées à condition de ne pas se tenir sur le même plan. La démarche verticale est celle de l'initiative du processus, de l'orientation, de la conduite stratégique et de l'élaboration des conclusions et décisions sur le fond. La démarche horizontale participative est celle exploratoire, validatrice, créatrice et agissante.

- Le principe de relais et d'entraînement

Il est hors de question d'envisager d'initier un processus d'appropriation active avec toute une population et on ne peut que s'inquiéter de ce qui est fait et recherché trop souvent au travers de grandes scènes publiques.

Il y a donc à utiliser l'appui de relais dont l'appropriation personnelle servira de relais vers le plus grand nombre.

En réalité, les communautés évoluées ne sont pas formées d'une masse d'individus et d'un noyau de dirigeants, elles sont structurées de façon à relayer et faire concourir les nombreuses activités et relations de la cité.

Cependant il faut reconnaître que les structures de la société ne sont pas toujours l'expression pertinente de sa vocation culturelle et qu'elles véhiculent quelquefois des logiques et des valeurs qui ne lui sont pas appropriées.

Aussi faudra-t-il rechercher à partir de l'autorité politique des dirigeants quels sont les relais les plus pertinents dans le Sens de la vocation collective qui seront les véritables appuis pour l'entraînement de la collectivité.

La stratégie d'appropriation active ne mise donc pas seulement un petit groupe de personnes et même si elle peut déjà impliquer un nombre plus important de personnes (de plus en plus en avançant), elle aura toujours à ménager la transmission de la dynamique. Elle pourra heureusement s'appuyer bien souvent sur des relais compétents et autonomes pour cela d'autant plus qu'ils se seront bien appropriés la démarche.

Pour la conception et la construction de la stratégie d'appropriation active, la méthode de "créativité générative" (Institut Cohérences) est particulièrement utile pour imaginer une démarche originale (appropriée), structurée, juste et intégrant les multiples aspects du processus à conduire.

Le pilotage du processus d'appropriation active d'un projet de développement durable.

Il s'agit d'une des compétences de l'ingénierie humaine mais aussi d'une pratique qui doit être relayée par les dirigeants de la cité ou leurs délégués pour la conduite des dynamiques de développement durable approprié.

Le terme de gouvernance paraît pertinent pour englober un grand nombre de principes et de méthodes tant cette dimension est complexe et déborde largement les conceptions qui aujourd'hui sont devenues notoirement insuffisantes. Là aussi la terminologie et la question sémantique sont décisives.

Les travaux de l'Institut Cohérences sur le "gouvernement des projets et des entreprises humaines" apportent de nombreux matériaux conceptuels et méthodologiques à cet égard.

Nous indiquerons simplement ici quelques aspects de ce travail de "gouvernance".

Il a d'abord comme charge de tenir le Sens de la démarche qui aura ici été élucidé en tant que Sens de la vocation culturelle propre de la collectivité, celui donc du développement durable approprié.

Il aura, bien sûr, fallu le valider soigneusement au préalable et se garder de plaquer un Sens général ou inapproprié ou encore de se trouver engagé dans un Sens inopportun faute de discernement et de maîtrise.

Le travail de gouvernance est aussi un travail de consensus (faire partager le même Sens). C'est une des dimensions de la stratégie d'appropriation collective.

C'est un travail de motivation où la référence à une "projection identificatoire" gratifiante et enracinée dans les meilleurs potentiels de la culture est le meilleur vecteur.

C'est un travail de maturation dont il faut ménager les étapes et assurer les rythmes appropriés.

C'est un travail d'appropriation progressive ce qui fait qu'il faut savoir se retirer progressivement de l'initiative et ménager une prise en charge, ni trop rapide, ni trop lente.

C'est un travail d'évaluation de la situation et de la marche en avant du processus en considérant les trois critères indiqués :

La pertinence (le bon Sens)

La cohérence (tout est bien articulé dans le même sens sans contretemps)

La performance (la mesure de contribution à l'avancement et aux enjeux).

C'est un travail de pédagogie et même de macro pédagogie dont la portée concerne une collectivité entière et qui peut passer par une multiplicité d'acteurs et d'actions et notamment des actions "symboliquement structurantes".

C'est un travail de concourance non seulement pour faire concourir à un même but les différents acteurs et les différentes actions mais aussi pour mettre en concourance des activités, organisations, institutions, projets, réalisations, etc. qui, participant au développement de la cité vont quelques fois dans tous les Sens.

C'est un travail de qualification qui fait se révéler et s'exercer des talents et des compétences spécifiques si bien que c'est en les "cultivant" que le développement durable trouvera les ressources humaines appropriées liés dans un cercle vertueux de qualification.

C'est encore un travail d'identification qui joue sur la conscience collective et l'évolution de l'identité culturelle qui se projette dans une représentation de ses horizons futurs: le projet de développement durable.

C'est un travail d'animation qui réclame quelques compétences spécifiques aussi bien en petit groupe que pour l'animation d'un processus faisant intervenir un grand nombre d'acteurs.

C'est un travail de maîtrise d'oeuvre faisant appel à un véritable métier, qui doit articuler différentes spécialités, notamment techniques, et faciliter les synthèses, conclusions, formulations...

Si elle s'initie le cas échéant par le travail d'un seul, la gouvernance débouche obligatoirement sur un travail collectif.


Conclusions

Un des défi de notre époque est d'avoir à aborder des enjeux et des problèmes radicalement neufs alors que les outils conceptuels et méthodologiques ne sont pas encore élaborés.

Il est facile, bien souvent, de détecter des modèles conceptuels, idéologiques et les paris praxéologiques tout à fait classiques qui opèrent à l'insu de ceux-là mêmes qui prônent le changement.

Les travaux de l'Institut Cohérences portant sur les Sens et Cohérences Humaines ont développés de nouveaux outils conceptuels et méthodologiques fondés sur les plans épistémologiques, anthropologiques et praxéologiques et largement expérimentés depuis 20 ans dans des centaines de situations.

Ils sont maintenant disponibles et suffisamment rodés pour être investis dans les enjeux de ce type et viennent à point pour donner au développement durable des assises théoriques et méthodologiques qui lui font défaut sous l'angle de l'appropriation active.

Il s'agit alors autant du Sens du développement durable que des facteurs de réussite de l'action, tout cela intégré dans la formule : "développement durable et approprié".

 


Panneau d'information - Accueil du site